Trop souvent, on croit que les jeux-vidéos et la lecture sont deux passe-temps qui s’excluent l’un l’autre. La série dont il est question dans cet article pourrait bien démontrer le contraire. Sword Art Online, ou SAO, a débarqué chez nous pratiquement simultanément sous forme de manga, d’anime et de light novel – cette dernière forme ayant précédé la création des deux autres. Un livre dont l’histoire parle de jeux-vidéos, incompatible ? Pas tant que ça.
Fiche technique
- Arc 1: Aincrad
- Arc 2 : Fairy Dance
- Auteur : Reki Kawahara
- Illustrateur : abec
- Genre : Science-fiction
- Nombre de tomes : 2
- Niveau : Lecteur moyen
- Licence : Sword Art Online
Un ou une certain(e) Bee-pee est également mentionné(e) avec Reki Kawahara et abec sur les pages de titres des livres. Impossible de trouver sa fonction de source sûre, mais il semblerait qu’il s’agisse d’un(e) designer qui s’occupe de la composition des livres.
Bibliochimie
Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles oeuvres proches pourrait-il utiliser comme ingrédient.
– L’ambiance des jeux MMORPG
– La tension propre aux combats à l’épée
– Un zeste d’aventure humaine
L’auteur
Né en 1974 à Gunma au Japon, Reki Kawahara est un auteur de light novels principalement connu pour ses oeuvres Sword Art Online et Accel World (lauréat du Grand Prix du roman Dengeki 2009). SAO est son premier roman. Edité depuis 2009, Sword Art Online est aujourd’hui un best-seller vendu à plus de 15 millions d’exemplaires dans le monde.
Light novel
Sword Art Online, récemment traduit et paru sous nos latitudes, n’est pas un roman mais un “light novel”. C’est un genre d’écrit particulier tout droit arrivé d’Asie, où il a un grand succès. Il s’agit en quelque sorte d’un roman un peu allégé, rédigé spécifiquement pour un public de jeunes adultes et qui, comme les mangas, se fait d’abord pré-publier dans des magasines spécialisés chapitre par chapitre. Des illustrations viennent soutenir le récit et donner un support graphique à l’imagination. Les light novels servent souvent de base à d’autre supports, donnant suite à des adaptations en manga ou en anime, et touchent ainsi un très large public.
L’histoire
Japon, année 2022. Une nouvelle génération de console a vu le jour : le Nerve Gear. Constituée d’une sorte de casque qui recouvre la tête du sommet du crâne au menton, elle transmet les informations directement au cerveau de l’utilisateur. Coupé de son propre corps, le joueur est alors complètement plongé dans le jeu et profite de ce que l’on appelle une “immersion complète”.
Sword Art Online, abrégé SAO, est le premier MMORPG profitant de la technologie de l’immersion complète. Enthousiasmés, près de dix mille joueurs se sont connectés dès la mise en service du serveur et explorent ce nouveau monde, une forteresse volante de la taille d’un monde nommée Aincrad.
Mais l’euphorie vire au cauchemar lorsque le créateur du jeu, Akihiko Kayaba, apparaît soudain devant tous les joueurs réunis pour faire une annonce : “vous êtes bien dans un jeu vidéo, mais vous n’êtes plus là pour jouer”. La déconnexion n’est plus possible et, si la barre symbolisant les points de vie d’un joueur tombe à zéro, il mourra non seulement dans le jeu, mais également dans la réalité, car son Nerve Gear lui grillera automatiquement le cerveau. Même chose si quelqu’un de l’extérieur tentait de les déconnecter de force ou de leur enlever leur casque. S’ils veulent quitter le jeu et retrouver la vie réelle, les joueurs devront conquérir les cent étages d’Aincrad, et vaincre les différents ennemis qui se dresseront sur leur route.
L’Arc Aincrad de Sword Art Online raconte la conquête de la forteresse par les joueurs, ainsi que le combat final pour retrouver la réalité.
L’Arc suivant, Fairy Dance, se passe dans un autre VRMMO, nommé Alfheim Online, mais on y retrouve plusieurs personnages principaux de l’arc Aincrad, lancés cette fois à la recherche d’un des leurs, qui ne s’est pas réveillé comme les autres à la destruction de la forteresse volante d’Aincrad. Cette fois, à l’intérieur d’Alfheim, pas de forteresse à conquérir, mais un Arbre-monde, planté au centre de l’univers. Atteindre son sommet permettrait à la race conquérante de renaître sous forme d’Alf, et d’obtenir le pouvoir de voler sans restriction. Mais est-ce bien le seul secret que cachent les branches de cet arbre ?
Les personnages principaux
– Kirito
Surnommé l’épéiste noir, Kirito est un joueur de tout premier ordre qui excelle au maniement de l’épée. Ayant participé à la phase de test du jeu avant sa sortie officielle, il est mal vu par les autres joueurs, qui le traitent de “beater” (contraction de bêta-tester et de cheater) et se servent de lui et des autres “beaters” comme boucs émissaires. Être mis à l’écart ne dérange pas Kirito, au contraire, car il préfère avancer en solitaire. Toutefois, Kirito ne peut s’empêcher d’aider les autres joueurs autour de lui, car il a un bon fond malgré la culpabilité qui le ronge.
– Asuna
Surnommée l’éclair fulgurant à cause de sa vitesse, cette manieuse de rapière fait partie de la plus puissante guilde (rassemblement de joueurs) du jeu et combat en première ligne avec les joueurs les plus puissants. Franche et directe, cette jeune fille a dû apprendre à surpasser ses propres démons dans le jeu. Mais voir Kirito s’isoler ainsi lui déplaît fortement, et elle est bien décidée à remédier à cet état de fait, et sans forcément demander son avis au principal intéressé.
– Akihiro Kayaba
Le créateur de Sword Art Online, l’homme qui a enfermé dix mille personnes dans un jeu mortel. On ignore à quoi il ressemble et il n’est pas présent directement dans l’intrigue, mais ses motivations sont au cœur de toutes les réflexions, tant celles des joueurs que celles des lecteurs. Y a-t-il un but final à ses agissements ou est-ce seulement la lubie d’un fou ? Quel genre d’homme est-il pour être ainsi capable de condamner tant de personnes à mort ? Autant de questions qui poursuivent les joueurs et qui alimentent les réflexions des lecteurs.
Le style
Au niveau de l’écriture, pas grand chose à relever : des phrases simples, courtes la plupart du temps. On sent un effort de la part de l’auteur pour garder un niveau d’écriture simple qui ne décourage pas les lecteurs occasionnels, souvent vite rebutés par les phrases à rallonge.
Par contre, dans le contenu, on sent s’exprimer le joueur chevronné. Le vocabulaire des MMO est utilisé avec une fluidité dans le récit qui ne peut provenir que de l’habitude. On reconnaît d’ailleurs des scènes typiques du “vécu” d’un joueur lors d’une partie. Du coup, le récit prend d’autant plus de profondeur, car, étant écrit en “je” la plupart du temps, on se sent vraiment comme assis à côté du conteur, qui nous livre l’expérience qu’il a vécu.
Un récit psychologique
Plus que le jeu, toutefois, c’est la profondeur psychologique du récit qui donne sa force à cette série. Tout en restant centré sur Kirito, l’auteur pose de très bonnes questions. L’univers dans lequel sont coincés les personnages est une pure création virtuelle, et le corps des joueurs n’est pas vraiment le leur non plus, c’est celui de leur avatar. Mais peut-on dire pour autant qu’ils n’ont aucune réalité ? Et la réalité, qu’est-ce que c’est au fond ? Prisonniers de leur Nerve Gear, les joueurs peuvent entendre, toucher et sentir Aincrad comme ils pouvaient le faire avec le monde d’où ils viennent. Du coup, n’en devient-il pas réel pour eux ? De multiples questions sont ainsi posées, autant au niveau des joueurs en tant que groupe, mais au niveau de chaque individu. Comment vont-ils agir maintenant ? Vont-ils réévaluer leur manière d’être ou continuer à faire comme ils veulent sans se soucier des conséquences ?
Le Light Novel de Sword Art Online permet d’explorer très finement cette facette psychologique grâce à la liberté offerte par l’écrit, et cela permet de donner au lecteur un attachement au récit beaucoup plus fort, car on finit par se poser les mêmes questions que les personnages, et par confronter ses propres réponses aux leurs.
Dommage que cette facette psychologique soit moins marquante dans fairy dance. On retrouve quelques bons morceaux de bravoure et quelques questionnements intéressants, notamment la place qu’on doit laisser ou non à ses propre choix et désirs par-rapport à ceux de autres, mais le fait qu’il n’y ait plus de risque mortel à la clef enlève une partie de la tension et il faut creuser un peu pour retrouver le dilemme sentimental de Suguha qui soutient tout le récit. D’ailleurs, c’est dommage, à mon sens, que l’auteur ait cédé à la facilité et choisi le personnage de la petite soeur pour amener cette thématique, mais cela reste un vrai questionnement plutôt bien construit qu’on peut découvrir en faisant abstraction du problème “petite soeur”.
Avis de la Rédac’
Mikaua : La série idéale pour attirer dans la lecture les amateurs de jeux vidéos : le scénario, soutenu par un style qui laisse transparaître l’expérience de joueur de l’auteur, semble créé spécialement dans ce but. Et pour les allergiques à la lecture, les tomes d’origine, réunis deux par deux dans l’édition française, ne font que 250 pages environ, pour un total de 500 pages grosso-modo par tome français, et imprimé gros. Donc, même pas le temps de se lasser. De plus, la facette psychologique est bien développée dans le light novel, qui est un média qui se prête particulièrement à l’exploration de cette partie du scénario. Un bémol toutefois pour l’arc Fairy Dance : le nouveau méchant possède un côté pervers interprété avec un excès typiquement asiatique, et qui déteint également un peu sur ses acolytes. De quoi vous donner envie d’imiter ce cher Grenier et hurler un bon coup “JAAAPOOON”. Honnêtement, il y avait moyen de faire passer le même message en étant bien plus subtil, ce qui aurait amélioré la qualité de l’ensemble. Mais outre ce point noir, la série Sword Art Online ne démérite pas : une bonne histoire, des personnages humains, et en prime ça a comme un parfum de manga, mais sous une autre forme.
Source des images
Toutes les images qui illustrent cet article sont issues de scans des tomes du light novel de Mikaua.
7 commentaires
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