Un MacGuffin est un prétexte pour développer un scénario. Il s’agit presque toujours d’un objet matériel, dont on ne sait que peu de chose. Sa description est mystérieuse, vague, voire totalement laissée de côté, et n’a que peu d’importance pour le scénario.
Origines du terme
L’origine du terme MacGuffin n’est pas très claire, mais on l’attribue le plus souvent au scénariste Angus MacPhail, bras droit d’Alfred Hitchcock. Dans le livre « The Art of Alfred Hitchcock », le terme est décrit comme une combinaison du nom de MacPhail et du mot anglais « Guff », qui signifie un non-sens ou une absurdité.
Nature et définition
Comme déjà mentionné, le MacGuffin est presque toujours un objet matériel, même s’il peut également s’agir d’une personne ou d’un concept abstrait, et il demeure généralement mystérieux au cours de l’histoire. Le principe date des débuts du cinéma, mais l’expression est associée à Alfred Hitchcock, qui l’a redéfinie, popularisée et mise en pratique dans plusieurs de ses films.
L’objet lui-même n’est que rarement utilisé, quand il est utilisé au final. En règle générale, seule la récupération de l’objet a de l’importance. Dans de nombreuses œuvres d’Hitchcock, par exemple, le MacGuffin est totalement anecdotique et ne sert qu’à initier l’histoire ou à la justifier. Au final, celui-ci se révèle, sans grande importance. Alfred Hitchcock l’a défini lors de l’une de ses conférences de la manière suivante :
« Au studio, nous appelons ça le MacGuffin. C’est l’élément moteur qui apparaît dans n’importe quel scénario. Dans les histoires de voleurs, c’est presque toujours le collier, et dans les histoires d’espionnage, c’est fatalement le document. »
L’équivalent du MacGuffin pour un personnage s’appelle l’Arlésienne
MacGuffin et espionnage
Que ce soit dans les romans ou les films d’espionnage, le MacGuffin joue un rôle important, voire même central. Nombre d’œuvres d’espionnage fonctionnent sur le principe suivant : Le grand méchant veut un objet qui lui permettra de dominer un pays, voire même le monde. Le héros devra mettre la main sur cet objet avant lui pour l’arrêter. C’est le principe même du MacGuffin. L’objet en lui-même n’a que peu d’importance du moment qu’il permet de lancer l’intrigue et de faire avancer l’histoire.
Les risques d’un MacGuffin mal employé
Si le MacGuffin est un puissant outil scénaristique qui peut lancer une intrigue avec brio, il est également un carcan qui peut empêcher une histoire de se développer. Car dès que le spectateur/lecteur a compris que l’objet en question sera important pour l’histoire (comprenons par là dès que celui-ci découvre qu’il s’agit d’un MacGuffin), le reste de l’histoire devient prévisible et donc moins intéressant. Dans le pire des cas, le MacGuffin peut même empêcher le développement correct des personnages en les relayant au second plan. Idem pour l’histoire, qui ne peut dès lors que se développer autour de ce fameux objet sans réellement pouvoir sortir du carcan créé par ce dernier.
Pour toutes ces raisons, il est important que le MacGuffin reste le plus mystérieux possible. Moins on décrira celui-ci et moins il limitera l’histoire et les personnages qui interagiront avec lui. Il est aussi important de veiller à ce que celui-ci ne prenne pas trop d’importance dans l’histoire pour éviter qu’il ne prenne le pas sur l’intrigue. Telle est l’utilisation préconisée par Hitchcock dans ses films.
Des visions contradictoires du MacGuffin
Comme toujours, tous les auteurs ne sont pas en accord avec la définition du MacGuffin. George Lucas par exemple, ira jusqu’à contredire la définition même du MacGuffin pour son film « La Guerre des étoiles » de 1977. Pour lui, il est important que les téléspectateurs se soucient du MacGuffin pour que ce dernier apporte une plus-value à l’œuvre. En se basant sur cet emploi, d’autres œuvres emploieraient le principe du MacGuffin – comme l’Anneau Unique, dans le Seigneur des Anneaux, qui pourrait alors être considéré comme un MacGuffin, mais qui n’en est pas un si on se fie à la définition d’Hitchcock. En effet, celui-ci est bien trop puissant et décrit avec trop de détails pour remplir les conditions d’un MacGuffin classique.
Quelques exemples de MacGuffin
- Citizen Kane d’Orson Welles – Le mot Rosebud : Le dernier mot prononcé par Charles Foster Kane et qui lancera toute l’intrigue de recherche journalistique sans qu’on sache réellement de quoi il s’agit jusqu’au dénouement final.
- D Gray man – Le cœur de l’Innocence : Ce dernier est recherché par les deux camps sans qu’ils ne sachent réellement à quoi il sert ni quelles sont ses capacités ou pouvoirs.
- Dune – L’Épice : Même si elle revêt une grande importance dans l’univers de Dune, l’Épice reste assez mystérieuse et est souvent reléguée au second plan quand les protagonistes avancent dans l’histoire, quand elle n’est pas tout bonnement laissée de côté.
- Justice League – Les trois boîtes-mères: Batman et le reste de la Justice League doivent mettre la mains sur les trois boîtes mères avant que Steppenwolf en fasse de même.
- Princesse Mononoké – La malédiction d’ Ashitaka : Cette malédiction lance le récit et on ne sait que peu de chose sur elle, si ce n’est qu’elle causera la mort d’Ashitaka sur le moyen long terme.
- Pulp Fiction de Quentin Tarantino – L’attaché-case : Son contenu est mystérieux et ne se manifeste dans le film que par une lumière dorée. Il passera entre les mains des différents protagonistes sans qu’on sache exactement ce qu’il contient.
- Star Wars Épisode IV : Un nouvel espoir – R2D2 et les plans de l’étoile de la mort : Au début du film, les plans de l’étoile de la mort sont cachés dans le droïde R2-D2. Afin de contrecarrer les plans de l’Empire, il est donc important de remettre la main sur ceux-ci.
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