Aya et la Sorcière nous fait suivre les aventures d’Aya, une jeune fille abandonnée par sa mère et qui se retrouve adoptée par une sorcière du nom de Bella Yaga et un démon nommé Mandrake.
Informations techniques
- Titre original : アーヤと魔女 – Āya to majo
- Titre anglais : Earwig and the Witch
- Titre français : Aya et la Sorcière
- Date de sortie : 18 novembre 2021
- Durée : 82 minutes
- Réalisateur : Goro Miyazaki
- Producteur : Toshio Suzuki
- Studio d’animation : Studio Ghibli
- Genre : Animation, Aventure, Fantastique
- Nationalité : Japon
L’histoire en quelques mots
Abandonnée alors qu’elle n’était qu’un bébé, Aya a grandi dans un orphelinat et ne connait rien de son passé, ni de sa mère – qui est une puissante sorcière. Bien que se considérant comme une orpheline, Aya est cependant entourée d’amour par les gérants de l’orphelinat et ne désire qu’une chose, rester dans ce dernier jusqu’à la fin de ses jours en menant ses camarades et les responsables par le bout du nez.
Mais la vie tranquille d’Aya prendra fin le jour où Mandrake et Bella Yaga, un étrange couple, vient à l’adopter. Propulsée dans cette nouvelle famille pour le moins inhabituelle, Aya découvrira qu’ils sont tous deux de puissants sorciers et qu’elle est désormais l’assistante de Bella Yaga, chargée de toutes les corvées. Mais cette nouvelle famille pourrait s’avérer être une opportunité pour la jeune manipulatrice, qui y voit alors une chance d’apprendre la sorcellerie. Mais est-ce réellement une si bonne idée de se frotter à de telles forces occultes et de risquer le courroux de ses nouveaux parents ?
Un virage graphique pour le Studio Ghibli
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le style graphique d’Aya et la Sorcière a de quoi déstabiliser pour les spectateurs habitués aux dessins « fait main » auxquels nous a habitués le studio Ghibli. Le Studio a pourtant employé le numérique depuis des années déjà, notamment lors des excellents Pompoko en 1994, et Princesse Mononoké quelques années plus tard. Dire que le studio a toujours eu recours au dessin fait main uniquement serait donc faux. Mais si Aya et la Sorcière déstabilise d’avantage au niveau de ses graphismes, c’est que celui-ci pousse l’emploi du numérique à un tout autre niveau, laissant de côté les techniques plus traditionnelles et proposant pour la première fois du studio une œuvre entièrement en images de synthèse.
Un scénario qui manque d’envergure
Mais si le virage graphique du studio a de quoi déstabiliser, c’est surtout l’histoire qui nous est présentée qui a de quoi décevoir. On ne peut que comparer l’œuvre de Goro Miyazaki à celle de son père Hayao, même si, dans Aya et la Sorcière, la comparaison est vite faite. Alors que Miyazaki père nous propose des mondes vastes, aux enjeux épiques, le tout parsemé de décours fabuleux et de créatures extraordinaires, Aya et la Sorcière se cantonne presque exclusivement à la maison dans laquelle Aya se retrouve enfermée après son « adoption ». On y suit alors le quotidien de la jeune fille devenue esclave de sa nouvelle mère, sans réel enjeux pour Aya que de s’échapper de celle-ci le plus vite pour retrouver sa liberté. Les scènes s’enchaînent alors tel un film type « Tranche de vie » dans lequel Aya parviendra à manipuler son entourage pour arriver à ses fins.
On est donc loin des voyages épiques entrepris dans d’autres œuvres comme le Voyage de Chiiro ou même dans mon Voisin Totoro, qui prend également comme cadre une maison pas comme les autres. Pas de seconde lecture métaphorique non plus dans cette œuvre, ni de grandes oppositions comme dans Nausicaä de la Vallée du Vent par exemple. On reste ici sur du premier degré sans prise de risque.
L’œuvre ne manque pourtant pas de bonnes idées qui auraient pu être employées à bonne escient, comme la capacité de la maison à s’étendre dans l’espace sans respect des lois de la physique (c’est plus grand à l’intérieur, diront certains). La bibliothèque, par exemple, qui semble ne pas avoir de fin et qui n’est que brièvement visitée par Aya avant d’être abandonnée aurait pu nous sortir de cette maison étriquée et proposer un voyage dans un univers fantasmagorique des plus intéressant. La chasse aux sorcières qui est mentionnée par Bella Yaga aurait également mérité d’être mieux exploitée, tout comme la relation de Mandrake avec ses démons par exemple. Autant de pistes abandonnées alors qu’elles venaient d’être esquissées, ce qui est frustrant pour le spectateur.
Avis de la Rédac’
Keul : Comme beaucoup d’autres fans des productions Ghibli, associer le « tout numérique » à un film sortant du studio a quelque chose de non naturel. J’ai cependant décidé de tenter l’expérience pour ne pas bêtement m’arrêter sur un a priori. Force est de constater après visionnage que bien que l’œuvre possède quelques scènes à retenir, le film n’en est pas moins décevant. Décevant au niveau du visuel premièrement, car on ne retrouve pas cette impression de dépaysement qui caractérisent les œuvres d’Hayao Miyazaki et qui nous permettent de nous évader. Décevant également parce que le film n’a pas d’enjeux véritables. Aya est une petite peste manipulatrice qui parvient toujours à ses fins, et ce, quelques soit la situation. On nous la présente de cette manière dès les premières minutes du film et la suite ne va faire que confirmer ces traits de caractères. Ce n’est pas une mauvaise chose en soit si cela avait été traité correctement ; mais dans ce film, il n’y a pas de danger. Mandrake est une sorte de démon qui pourrait tuer Aya, mais chaque situation dangereuse est désamorcée dès qu’elle est présentée. Idem pour Bella Yaga, qui pourrait jeter un sort à la jeune fille à tout moment, mais celle-ci s’est protégée donc pas de problème. Finalement, Aya parvient à ses fins sans aucun risque. Puis le film se termine avec le retour de la mère d’Aya et fin de l’histoire. Alors qu’à la fin d’un Ghibli on a mille et une questions qui nous viennent à l’esprit, je me suis dit ici : Ah c’est fini ? Pourquoi pas mais j’espère qu’il n’y aura pas de suite parce que là, c’est clairement laissé ouvert. Seul parti pris du film, la comparaison avec Mandrake – un démon pour qui tout est dû, qui écrit des œuvres pour les enfants et qui est violent envers sa femme et sa fille – et Hayao Miyazaki, le père de Goro, qui pourrait être un message passé du fils à son père et qui expliquerait le passage à du tout numérique comme une vengeance de la nouvelle génération.
Xefed : Je ne serai pas aussi extrême que certains des critiques qui clouent ce film au pilori, mais je n’irai pas jusqu’à dire que ce film m’a transcendé. J’y a retrouvé des éléments d’autres films de Ghibli et les décors sont jolis et même magnifiques dans certaines scènes (comme celle avec le bateau en début de film par exemple). Mais certaines animations, surtout quand on emploie la 3D, m’ont complètement sorti de l’histoire je l’avoue. Quitte à faire du tout numérique, pourquoi vouloir absolument mettre de la 3D dedans ? Ca tranche complètement avec les décors et j’en viens même à me demander ce que font les personnages dans ceux-ci. L’histoire m’a cependant bien plu parce qu’elle ne se prend pas la tête. Je suis assez fan des œuvres type « tranche de vie » parce que ce n’est pas prise de tête à comprendre et qu’on peut facilement s’identifier au personnage, et ce film rempli parfaitement cet office. C’est un peu dommage cependant qu’Aya n’évolue pas au niveau de son caractère. On aurait apprécié un peu plus de développement. Bref, pas le film de l’année, en dessous de ce que le Studio Ghibli nous a proposé jusque-là, mais tout de même sympathique à regarder.
Mikaua : J’attendais de voir ce qu’Aya et la Sorcière allait donner avec une certaine curiosité. Passer du style Ghibli habituel au tout numérique, c’était un sacré virage, et j’étais intriguée de voir ce qu’on allait nous servir. Si dans l’ensemble j’ai assez aimé les graphismes, j’ai eu un peu de mal avec – excusez-moi du terme s’il est incorrect – les “textures”, qui sont assez inégales. Un moment, j’ai pu admirer le rendu d’un vêtement en jean, qui semblait presque réel, à d’autres moments on a presque l’impression de voir de la pâte à modeler tant c’est lisse – je pense notamment aux cheveux de Bella Yaga. Ca serait passé inaperçu dans un dessin traditionnel, mais là ça créait des incohérences au niveau du rendu qui m’empêchait de vraiment plonger dans l’histoire. Côté scénario justement, je suis comme Xefed une amatrice du type “tranche de vie”, et en ça l’histoire du film m’a bien plu. Mais j’ai eu un vrai mal avec la manière d’être d’Aya, qui n’évolue pas d’un iota tout au long du film. Voir cette peste de premier ordre évoluer suite à un retour de bâton aurait pu la rendre plus intéressante, mais forcément, à vaincre sans péril – comme l’a fait Aya qui ne reçoit pas une seule conséquence néfaste à ses manipulations – forcément, on n’apprend rien. Au final, lorsqu’est tombée la fin du film, je n’ai pas eu l’habituelle impression de fin ouverte d’un Ghibli, mais plutôt qu’on est tombé à court de pellicule et que du coup l’histoire s’est arrêtée alors qu’il manquait encore 10-15 minutes pour boucler le tout. Au final, Aya et la Sorcière n’est pas au niveau auquel on a été habitués avec le Studio Ghibli, mais reste assez sympathique à regarder.
1 commentaire
Studio Ghibli - Geek-It · 11 décembre 2021 à 9 h 57 min
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