Dans Cimqa, le monde va se trouver soudain pourvu d’une cinquième dimension : l’imagination. A travers les histoires de Sarah et Sara, découvrez comment l’humanité va explorer ce nouveau champ des possibles… avant d’envisager comment en tirer profit.

Couverture du roman Cimqa

Fiche technique

  • Autrice : Auriane Velten
  • Titre : Cimqa
  • Genre : Science-fiction
  • Editeur : Mnémos
  • Nombre de pages: 295
  • Année de parution : 2023
  • Niveau : Lecteur moyen

Bibliochimie

Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédient ?

– Un futur proche auquel on s’identifie sans peine

– Une nouvelle dimension très bien amenée

– Un très intéressant questionnement sur l’avenir des médias de divertissement

A quoi s'attendre ?

Un matin, les humains du monde entier se révèlent soudain incapables de tenir debout, le sens de l’équilibre complètement perturbé. Les scientifiques vont s’atteler au problème, et petit à petit se rendre compte que “quelque chose ne va pas” avec la largeur…

Sarah est une petite fille à l’imagination débordante, qui va voir son monde changer par l’apparition d’une dimension nouvelle. Avec ses yeux d’enfant, elle va l’explorer et en découvrir les possibilités. Et elle va même attirer l’attention d’une équipe de scientifiques.

Sara est technicienne dans le divertissement ; enfin, quand elle parvient à décrocher un contrat. A cinquante ans passés, elle sent la précarité de son statut d’indépendante peser lourdement sur ses épaules. Imaginer est sa passion, sa raison de vivre ; pourtant, son travail auprès de la plus grande industrie du divertissement la ronge d’anxiété.

Avec des allers et retours entre ici et là-bas, les histoires de Sarah et Sara s’écrivent en même temps que celle de leur(s) monde(s) – singulier ou pluriel, on se demande… Cette nouvelle dimension, celle de l’imagination, amènera-t-elle de nouveaux émerveillements, ou ne sera-t-elle explorée que pour mieux être exploitée ?

Donner au public ce qu'il aime...

Avec Sara, qui travaille pour un média de divertissement mêlant cinéma et imagination, Cimqa profite de pointer les projecteurs vers les coulisses, mettant en lumière les artistes et techniciens qui font tourner cette industrie. En théorie, grâce à l’imagination, on peut créer les univers que l’on veut. Mais la réalité est tout autre : l’industrie du divertissement pense surtout en termes de profits, et se base essentiellement sur des rapports de prédictions générés par des algorithmes afin de faire ses choix. Sara verra ainsi ses idées originales se faire raboter peu à peu, jusqu’à rentrer parfaitement dans le cadre de ce qu’aime le public-cible. Pour ne pas prendre de risques, on préfère donner au public ce qu’il aime déjà, encore et encore, quitte à étouffer la créativité des artistes sous les lignes de codes, et à n’exprimer l’émerveillement qu’en pourcentages.

Or, il n’y aurait qu’un – si petit – pas à faire pour transposer la situation décrite dans Cimqa à notre monde actuel…

Avis de la Rédac'

Mikaua : Je ne sais pas pour vous, mais étant gamine, je rêvais de pouvoir faire exister pour de vrai ce que j’imaginais. Dans Cimqa, c’est chose faite ! Une cinquième dimension vient s’ajouter aux quatre que nous connaissons actuellement et ouvre toutes grandes les portes de l’imaginaire. En s’y mettant à plusieurs ou en y consacrant suffisamment de temps et d’énergie, voilà que chacun peut matérialiser le produit de son imagination. Tout un univers à explorer ! Le roman, en alternant entre un ici et un là-bas juste assez flous pour laisser planer le doute, nous permet à la fois de découvrir l’avènement de la cinquième dimension avec la petite Sarah et d’en explorer les possibilités avec Sara la technicienne, pour qui ce phénomène fait déjà partie intégrante du quotidien. L’avancement du récit des deux côtés a été très bien pensé et la progression se fait ainsi de manière fluide, sans qu’on ressente de gros “saut” même lors des inévitables ellipses temporelles que comporte ce genre d’histoire. Quant à la manière d’aborder le “problème” de l’apparition d’une nouvelle dimension, elle est traitée de manière extrêmement (malheureusement ?) réaliste, ce qui va donner d’autant plus de profondeurs au roman. Les personnages sont attachants et très humains ; on se met facilement à leur place, quel que soit leur âge, car on les sent très proches de nous : ils ont les mêmes problèmes, les mêmes angoisses… Cimqa a ce potentiel de parler à plusieurs générations de lecteurs, où chacun pourra trouver son point de vue mais également avoir un aperçu de celui des autres. Enfin, j’ai apprécié que Cimqa ose questionner le rapport à l’art, notamment dans l’industrie du divertissement. A l’heure où les lynchages sur les réseaux sociaux en ont échaudé plus d’un et où l’on voit de plus en plus de productions lissées, qui semblent avant tout espérer ne pas faire de vagues plutôt que d’oser l’originalité, voir Sara désespérer devant les rabotages successifs subis par son projet m’a serré le cœur et laissé un goût amer en bouche, mais j’ai également ressenti de la satisfaction à voir cette situation mise en mots dans ce roman. Parce qu’à mon avis, ça n’arrive pas que dans la fiction, et qu’il faut en parler. Cimqa est un excellent roman que je recommande sans hésitation.

Sources

– Le livre lui-même

– Le site de l’éditeur