Avec son roman les Furtifs, Alain Damasio démontre une nouvelle fois son talent à jouer avec la langue française et la typographie. Ce roman de science-fiction à l’intrigue complexe demandera du lecteur une grande souplesse d’esprit pour suivre toutes les subtilités.

Couverture du roman les Furtifs

Fiche technique

  • Titre  : Les furtifs
  • Auteur : Alain Damasio
  • Genre : Science-Fiction, Anticipation
  • Nombre de pages de l’édition de chez La Volte : 688
  • Première édition : 2019 (chez la Volte)
  • Niveau : Très bon lecteur

Bibliochimie

Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédient ?

– Un style d’écriture polymorphe qui peut changer d’un paragraphe à l’autre

– Un usage du français inventif mais pas toujours simple à suivre

– Une intrigue à plusieurs niveaux

A quoi s’attendre

« Ils sont là, parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de nos quotidiens. On les appelle les furtifs. Une légende ? Un fantasme ? Plutôt l’inverse : des êtres de chair et de son, aux facultés inouïes de métamorphoses (…) »

Lorca Varèse, sociologue, cherche sa fille Tishka, disparue deux ans auparavant de sa chambre d’enfant en pleine nuit, sans laisser de traces. Tandis que sa femme, Sahar, cherche à faire son deuil de son côté, Lorca est persuadé que la petite a rejoint les furtifs ; il intègre alors une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires et surtout d’en capturer une vivante. Tâche ô combien difficile au vu des capacités de métamorphose de ces créatures et de leur particularité unique en son genre : à l’instant où un humain les regarde, ils meurent.

Avis de la Rédac’

Mikaua – Attention, livre à ne surtout pas lire avant votre premier (voire second) café du matin ! Alain Damasio avait déjà démontré ses capacités à jouer avec la langue dans son roman la Horde du Contrevent, là il passe à la vitesse supérieure ! On passe une nouvelle fois d’un personnage à l’autre sans transition et ce ne sont cette fois que les signes typographiques accompagnant certaines lettres précises qui permettront de savoir de quel point de vue on est en train de nous raconter l’histoire. De plus, les néologismes abondent, et le récit, pour refléter les pensées mouvantes ou le changement constant des furtifs, va tordre le vocabulaire dans tous les sens, utilisant un mot pour un autre, encastrant deux autres ensemble, etc. De quoi donner le tournis si vous avez le malheur d’avoir le cerveau un tant soit peu embrumé. L’intrigue est intéressante, les personnages relativement sympathiques, mais cette virevolte constante au niveau du style m’a empêchée de vraiment entrer « dans » l’histoire. Dommage, car le monde présenté est très intéressant ; particulièrement cette idée des villes en manque d’argent se faisant racheter par de grosses entreprises, et les citoyens alors interdits d’accès à certaines zones bien réelles, tels que des rues ou des parcs, en fonction de leur « forfait ». Payer pour avoir le droit de marcher dans les rues de sa propre ville, c’est une image forte qui m’a vraiment frappée, plus que la publicité ciblée et omniprésente… Un bon roman, mais qui met très en avant son style et sa philosophie au détriment des personnages, si bien qu’il en devient un peu « impersonnel », si vous me passez l’expression.