Hommage à Morris – créateur de Lucky Luke – par Matthieu Bonhomme, l’Homme qui tua Lucky Luke est une bande-dessinée franco-belge dont l’histoire tient en un album. Le titre éveille aussitôt la surprise : l’homme qui tire plus vite que son ombre aurait-il réellement été vaincu ?

Couverture de l'album L'Homme qui tua Lucky Luke

Fiche technique

  • Titre : L’homme qui tua Lucky Luke
  • Auteur : Matthieu Bonhomme
  • Type : Franco-belge
  • Origine : France
  • Editeur: Lucky Comics
  • Genre : Western
  • Sens de lecture : Européen
  • Année : 2016
  • Nombre de tomes : 1
  • Statut : Terminé
  • Niveau : Lecteur moyen

A quoi s’attendre ?

Nuit d’orage dans la ville minière de Froggy Town, un cavalier solitaire arrive en ville, et il s’avère être le célèbre Lucky Luke. Comme sa réputation de justicier n’est plus à faire, les citoyens vont lui demander d’enquêter sur un vol : en effet, tout l’or extrait de la mine a été dérobé, et c’est apparemment un Indien qui aurait fait le coup. Il y a bien un shérif en ville : James Bone. Mais le jeune homme semble totalement dépassé, et ses deux frères aînés « l’épaulent » en faisant régner leur loi. Aidé de Doc Wednesday, Luke va alors tâcher de faire toute la lumière sur cette affaire, malgré le peu de coopération des « autorités » locales et leurs nombreuses mesquineries.

Et non seulement le temps est résolument à la pluie, mais pour couronner le tout, il y a pénurie de tabac dans toute la région : même pas moyen de griller une cigarette pour se détendre les nerfs.

Petit plus

Attention, SPOILERS

Matthieu Bonhomme a mis au centre de son intrigue le fait que Lucky Luke arrête de fumer, et ce n’est certainement pas anodin qu’il ait choisi précisément cette thématique. En effet, il y a eu plusieurs censures sur la série des Lucky Luke, dont au sujet du tabac.

Lucky Luke a commencé sa carrière de cow-boy solitaire en tant que fumeur. Sa cigarette a disparu des planches lors de l’adaptation en dessin-animé, en 1983, remplacé par une tige de graminée. En effet, ce sont les studios américains Hanna-Barbera qui s’occupent de l’adaptation, et ils demandent la substitution afin de satisfaire les lobbies anti-tabac.

Lorsque Morris quitte les éditions Dupuis pour Lucky productions, en 1990, il change l’illustration du quatrième de couverture, où Lucky Luke tire sur son ombre : il tire à présent en plein cœur de son ombre, mais la cigarette disparaît là aussi, remplacée à nouveau par une tige de graminée.

Avis de la rédac’

Mikaua : J’ai grandi avec plusieurs grands classiques de la bande-dessinée, dont notre célèbre cow-boy solitaire – et j’ai suivi assidûment ses aventures tant en album qu’en dessin-animé. C’est dire si un titre comme « L’homme qui tua Lucky Luke » avait de quoi me faire bondir, d’autant plus qu’un autocollant sur la couverture indiquait « Hommage de Matthieu Bonhomme à Morris ». Comment peut-on rendre hommage à un dessinateur en tuant son personnage fétiche ? Mais à la lecture, j’ai découvert une intrigue diablement bien ficelée qui m’a gardée en haleine jusqu’à la fin. Niveau dessin, on retrouve l’univers… mais avec la patte de Matthieu Bonhomme. Luke, par exemple, garde sa garde-robe emblématique et son visage tout en longueur, mais le style est un peu plus réaliste – parlant de réalisme, Jolly ne dit pas un mot de tout l’album. Le dessinateur use – et abuse un peu – du jeu des grands « blocs » monochromatiques dont était friand Morris (par exemple, une seule teinte pour toute une foule, ou tout un pan de décor) ; ça surprend un peu les premières pages, le temps de s’habituer. Finalement, c’est différent et pourtant suffisamment familier pour que ça ne choque pas. Et puis cette idée de donner une raison à l’intérieur de l’univers pour la disparition de la cigarette, ça ne pouvait venir que d’un vrai fan, et je salue bien bas : c’est bien trouvé, ça tient la route, et c’est élégant. En résumé, l’Homme qui tua Lucky Luke est un très bel hommage à Morris et à Lucky Luke. On est clairement dans un univers moins humoristique et destiné à un public plus mature, mais ça reste suffisamment cohérent avec ce qu’on connaît de notre cow-boy solitaire pour ne pas choquer outre mesure. Un très bel album, que je conseille vivement !


2 commentaires

Melyle · 11 octobre 2019 à 21 h 10 min

Merci pour la découverte de cette BD. Je suis une afficionados de la série et je ne connaissais pas celle-ci!

    Mikaua · 24 octobre 2019 à 20 h 09 min

    Mais c’est avec plaisir !

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