La trilogie des “Lames du Chasseur” (parue sous le titre la “Séquence des Chasseurs” chez Fleuve noir) est le cinquième arc des aventures de Drizzt Do’Urden et regroupe les romans qui suivent l’arc des Voies des ténèbres (traduction Geek-It). Les orcs commencent à s’unir sous une même bannière, et les Marches d’Argent vont avoir fort à faire pour s’opposer à leur nombre effarant.
Je précise d’avance que, pour ma part, j’écris “orc” quand il s’agit de la créature de fantasy (“orque” étant pour moi un adjectif ou un mammifère marin), donc je l’utilise pour tout le reste de l’article.
Fiche technique
- Regroupe les titres :
- Les mille orques (Bragelonne, 2011) / Les mille orcs (Fleuve Noir 2002)
- Le drow solitaire (Bragelonne, 2011)
- Les deux épées (Bragelonne, 2011)
- Titres originaux :
- The Thousand Orcs
- The Lone Drow
- The Two Swords
- Titre alternatif de la série : La Séquence des Chasseurs (Fleuve Noir)
- Titre original de la série : The Hunter’s Blades trilogy
- Auteur : Robert Anthony Salvatore
- Première publication (Anglais) : 2002-2004
- Genre : Fantasy
- Nombre de tomes : 3
- Niveau : Lecteur moyen
Bibliochimie
Si un alchimiste voulait recréer cette série dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédients ?
– La maîtrise du scénario d’un grand maître du jeu de rôle
– La race orcs, ennemis “de base” de la fantasy, vue sous un éclairage différent
– Une mise à l’épreuve des différents alliances entre les cités des Marches d’Argent
– De grands questionnements personnels pour les héros
L’histoire
Les mille orques (Les mille orcs) / The Thousand orcs
Gandalug Marteaudeguerre est mort – pour de bon cette fois-ci. Bruenor prend donc la route pour retourner à Castelmithral pour y être à nouveau couronné roi. Bien entendu, il ne chemine pas seul : une partie de ses guerriers l’accompagne, de même – bien évidemment – que les Compagnons du Hall. Bruenor ayant choisi d’y aller par le chemin le plus long, afin de s’offrir une dernière aventure avant que ses devoirs de roi ne l’accaparent à nouveau, le groupe va même s’offrir un détour pour aider à chasser “une bande d’orcs” qui aurait sévi dans la région.
Sauf que la bande va se révéler être une armée, réunie autour d’un chef d’une toute autre trempe que les chefs orcs habituels : en effet, Obould est un meneur-né, et il pourrait bien réussir à fédérer tout ce que le nord compte de bandes d’orcs, le tout cimenté par une alliance avec des géants. Impensable ? Pas tant que ça, compte tenu que quatre conspirateurs drows tirent les ficelles depuis les coulisses…
Enfin, dans la cité de Mirabar, où se côtoient nains et humains depuis des décennies, des dissensions internes apparaissent, et chaque nain pourrait bien devoir choisir entre la fraternité qui lie tous les nains, les delzoun, entre eux, et la loyauté qu’ils éprouvent envers leur cité.
A côté de tout cela, Drizzt, qui essaie de se montrer détendu, a fort à faire pour surmonter le choc psychologique de sa dernière aventure : Ellifain, l’enfant elfe qu’il avait sauvée lors de son premier et dernier raid à la surface avec un groupe drow, folle de douleur, est morte tout récemment en tentant de le tuer. Et cette mort, découlant du moment-clé où le drow avait rejeté les préceptes maléfiques des siens, pèse lourdement sur la conscience de Drizzt.
Le drow solitaire / The Lone Drow
Attention, spoilers !
Drizzt erre seul dans les Marches d’Argent. Persuadé que ses trois meilleurs amis sont morts, il s’est réfugié derrière le Chasseur, cette facette de lui-même qui amène ses capacités guerrières à leur paroxysme mais bloque presque entièrement ses émotions, pour échapper à son chagrin. Bien décidé à les venger, il passe tout son temps à chasser de l’orc, espérant bien finir par trouver leur chef.
Obould, justement, ne reste pas inactif : fort de l’appui du dieu Grumsh, l’orc, plus redoutable que jamais, continue à fédérer autour de lui tout ce que les Marches d’Argent comptent d’orcs et de gobelins, formant une immense armée qui met le siège autour de Castelmithral. Assaillis de tous les côtés, les nains vont devoir redoubler d’ardeur pour empêcher l’ennemi de prendre leur foyer ancestral.
Mais le moral est bas parmi les troupes : si Cattie-Brie, Wulfgar et Régis sont sortis bien vivants des derniers affrontements, Bruenor est, lui, aux portes de la mort. Tout en continuant le combat, les trois autres hésitent à faire leur deuil du nain, tout en s’accrochant à l’espoir de revoir Drizzt en vie malgré le manque de nouvelles.
Les deux épées / The Two Swords
Attention, spoilers !
Malgré quelques revers, l’armée du roi Obould assiège désormais Castelmithral en surface, et les nains se retrouvent à devoir compter sur leurs voies souterraines pour garder un lien avec leurs alliés – notamment la citadelle naine de Felbarr. Heureusement, le retour du roi Bruenor d’entre les morts a galvanisé le moral des troupes naines, qui sont bien décidées à ne pas se laisser faire par “des orcs puants”. Mais seuls, il va être difficile de faire le poids face au nombre ahurissant des troupes ennemies. Castelmithral pourra-t-elle compter sur ses alliés ?
De son côté, Drizzt a réussi, grâce à l’elfe Innovindil, à ne pas se perdre dans le Chasseur. Tout en tâchant d’atteindre le roi Obould, espérant porter un coup fatal à l’armée orque, il va maintenant devoir apprendre ce que son amie appelle “être un elfe”.
Quelques petits plus
– Pour sa dernière trilogie avec l’elfe noir, Fleuve Noir revient à des traductions plus proches de l’original. La seule différence entre les titres francophones tient de l’orthographe du mot “orc/orque”. A noter que, à travers les romans de fantasy, les deux orthographes existent et sont donc tout aussi valables l’une que l’autre. Personnellement, je n’ai vu l’orthographe “orque” que dans des ouvrages relativement récents, donc je dirais que cette version est plus récente et que la traduction originale est donc avec l’orthographe “orc”.
– La trilogie des Lames du Chasseur se déroule entre 1370 selon le Calendrier des Vaux.
Avis de la rédac’
Mikaua : La trilogie des Lames du Chasseur m’inspire des sentiments mitigés. En tant que rôliste ayant beaucoup joué à Donjons&Dragons, j’ai tendance à considérer les orcs comme des “ennemis de base” : plus résistants que des gobelins, mais pas très malins et assez mal coordonnés, donc assez vite considérés comme à peine dangereux pour des aventuriers aguerris. J’ai du coup trouvé brillante cette idée de Salvatore de se “servir” de cette habitude de négliger cet ennemi qui pourtant pullule partout pour prendre toute une région par surprise avec une armée d’orcs disciplinée, réunie derrière un chef puissant ayant un plan précis. A lire cela, je ne pouvais que me dire “si ça m’était arrivé en partie, je n’aurais rien vu venir non plus”. Du coup, chapeau. On a aussi pu voir briller d’autres personnages que les Compagnons du Hall, et c’est également très agréable. Enfin, j’ai également beaucoup aimé voir tout le côté politique, avec les alliances entre les différentes cités qui sont parfois vues de manière différente par chacun des partis concernés. Par contre, par d’autres côtés, cette trilogie souffre de quelques longueurs ainsi que de répétitions dans le style. Pour la longueur, c’est du côté de Drizzt et de ses questionnements, qui virent presque à l’apitoiement. Qu’on ne se méprenne pas : oui, après la claque qu’il s’est prise émotionnellement dans l’arc d’avant, il fallait qu’il y ait une remise en question ; oui, y’avait de quoi craquer moralement à la fin du premier tome et ça prend du temps de s’en remettre ; mais ç’a été un peu trop tiré en longueur, au point qu’après un moment on ne compatit plus avec Drizzt : on a envie de le secouer un bon coup pour qu’il arrête de tourner en rond mentalement. Après, cette impression vient peut-être du fait que Salvatore abuse clairement dans cet arc de l’astuce scénaristique qui fait que “s’il s’était retourné une seconde plus tard” ou “s’il avait fait quelques pas de plus”, Drizzt aurait eu une preuve que ses amis sont vivants. Utilisé une fois ou deux, ça passe très bien, mais quand on en abuse, ça devient uniquement frustrant, et ça sort le lecteur de l’histoire tant ça semble alors ouvertement fait exprès. Bref, les Lames du Chasseur est arc un poil en dessous des précédents au niveau de l’écriture, qui peut donner quelques frustrantes envie de secouer votre tome – à défaut de Drizzt ou de l’auteur – mais qui amène de très bonnes idées et d’intéressants questionnements, notamment sur la loyauté et l’esprit de famille.
Sources des Images
Le site de la fnac (je pense que vous pouvez trouver le lien tout seuls, et eux n’ont pas besoin de pub)
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