Geek-It vous emmène à la Maison d’Ailleurs, à Yverdon-les-Bains, pour découvrir leur exposition sur le jeu, intitulée : “L’expo dont vous êtes le héros”. Autant dire qu’avec un titre pareil, elle ne pouvait que titiller notre équipe – hélas quelque peu réduite pour cette occasion.
Gee – Chouette, une nouvelle sor… ben, où sont les autres ?
Mikaua – Entre leur boulot et les graines de geek, ils sont débordés. Désolée, mais vous êtes coincés avec moi !
Kit – Tant que ce n’est pas une tentative détournée pour nous donner en pâture à Lui…
Mikaua – Seulement si vous n’êtes pas sages.
Kit – Alors ça me va.
Gee – Euh… si je pouvais avoir une définition de “pas sage”… ohé ? Mais attendez-moi !!
Plantons le décor – Deux-trois informations avant le vif du sujet
Pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parler, la Maison d’Ailleurs est un musée de la science-fiction (le terme étant utilisé “à l’ancienne”, si bien que la fantasy y a également sa place), de l’utopie et des voyages extraordinaires, situé à Yverdon-les-Bains. C’est une fondation à but non lucratif qui poursuit une double vocation de musée grand public et de centre de recherche spécialisé.
La Maison d’Ailleurs a été fondée en 1976 par Pierre Versins, écrivain et spécialiste de science-fiction français. Passionné par le genre, il a écrit l’Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, parue en 1972. A sa fondation, l’auteur a versé à la Maison d’ailleurs les quelques 50’000 livres et objets de science-fiction de sa collection privée.
Gee – Ben, comment ça se fait qu’il a crée la Maison à Yverdon et pas en France ?
Kit – Hem… Il est venu en convalescence Suisse en 1952, après avoir subi les camps de concentration. Sa passion pour la science-fiction date de cette époque.
Gee – Oh… Eh ben, vu tout ce qu’il a fait après, avoir une telle énergie malgré ce qu’il a subi, moi je dis bravo !
Kit – Bien d’accord.
Qui dessine le plan ? – Situation et orientation
Pour ceux qui utilisent les transports en commun, la Maison d’ailleurs est située à peine à 10 minutes à pied de la gare d’Yverdon-les-Bains. Pour les automobilistes, il y a des parkings publics à proximité.
La Maison d’Ailleurs est accessible aux personnes à mobilité réduite.
Pour ce qui est des horaires, la Maison d’Ailleurs est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 18h.
A l’intérieur, impossible de se perdre même si on le voulait : l’Expo dont vous êtes le héros a changé tout le bâtiment en un immense plateau de jeu de société !
Gee – Mais c’est trop chou ! Même les couleurs sont les mêmes que sur les vieux jeux à quatre joueurs ! Il ne manque que les pions !
Kit – Quelque chose me dit que dans cette expo, c’est NOUS les pions.
Gee – Ah bon ? Et c’est dangereux ?
Kit – Normalement pas… mais si tu entends des tambours, commence à courir.
Il suffit de suivre les lignes colorées pour connaître le sens de la visite.
Et maintenant, que faites-vous ?
L’expo dont vous êtes le héros invite le visiteur à découvrir le jeu sous toutes ses formes : du traditionnel jeu de société au jeu-vidéo, en passant par les “livres dont vous êtes le héros”, l’éventail est large et couvre un peu plus d’un siècle. Elle permet également de réfléchir à ce qu’est le jeu : longtemps considéré comme rien de plus qu’un divertissement pour les enfants, il a été remis à l’honneur et est devenu le sujet d’études et d’analyses au cours du siècle dernier. Et au fond, jouer n’est-il pas une version moins “sérieuse” de la vie, où l’on peut tout recommencer si jamais on perd ?
Le visiteur est directement plongé dans l’ambiance : la case “start” se trouve juste derrière l’entrée de l’expo, et il ne reste alors plus qu’à suivre les lignes colorées. La pièce du rez-de-chaussée présente plusieurs très vieux jeux de société et en explique l’histoire et l’origine.
Des tablettes tactiles accrochées au mur sous les panneaux explicatifs permettent aux plus curieux de se faire une idée du contexte de l’imaginaire de l’époque : littérature, cinéma, etc.
On monte à l’étage et on monte également de niveau : level 1, indique le linteau de la porte. A cet étage, on découvre des jeux davantage immersifs pour le joueur : jeux de figurines, ainsi que les jeux de rôle.
Mikaua – Quand on est rôliste, ça fait vraiment un drôle d’impression de trouver dans une vitrine de musée le matériel qui s’étale sur la table de son salon le week-end…
Plusieurs jeux emblématiques sont ainsi exposés, avec notamment une table de jeu de rôle où il ne manque que les chaises pour s’asseoir, et un magnifique diorama de Warhammer. Un peu plus loin, vous pourrez découvrir la création d’un jeu de figurines original, ainsi que des vitrines présentant des jeux sur différents médias (jeu de société accompagné d’une cassette vidéo, jeu vidéo adapté en jeu de société, etc).
Au level 2… pardon, au second étage, les jeux-vidéos sont à l’honneur, et plus particulièrement la production suisse. Il n’y a qu’à attraper une manette ou tapoter l’écran tactile pour essayer la version demo d’un des jeux-vidéos présentés. Certains sont projetés sur un écran et se jouent de manière “traditionnelle”, d’autres sont sur écran tactile et enfin un dernier se présente sur des écrans déguisés en bornes d’arcade à l’ancienne.
Vous pouvez selon votre envie tâcher de traverser un Zürich futuriste en restant incognito avec “[re]format-Z” (Blindflug), traverser un océan à sec à bord de votre drôle de machine dans “Far : Lone sails” (Okomotive), vous perdre dans les décors crayonnés en suivant une voix dans “Don’t kill her” (Wuthrer), enquêter sur la mort mystérieuse de votre grand-père dans les alpes suisses avec “Mundaun” (Hidden Fields) ou incarner un chef de tribu celte devant combattre maints ennemis pour lever un sort dans “Helvetii” (Team Kwakwa)
Mikaua – Juste une parenthèse culturelle au passage, les Helvètes (Helvetii selon ce bon vieux Jules César) sont un ensemble de tribus celtes établies sur l’actuel plateau suisse, et c’est de leur nom qu’a été tiré le terme “Confœderatio Helvetica”, qui servait à désigner la Suisse sur les inscriptions officielles au XIXe siècle (d’où le fameux CH dans les codes postaux et les extensions de domaine). Le jeu Helvetii tire son nom de là également.
Plus loin, vous pouvez admirer les œuvres de Filip Hodas, artiste tchèque, qui met en scène des éléments de jeux-vidéos dans un décor post-apocalyptique. Deux jeux-vidéos en réalité virtuelle sont également à disposition pour tenter l’expérience.
Enfin, traversez la passerelle pour entrer dans l’Espace Jules Verne, la bibliothèque, et vous découvrirez exposés plusieurs manuels de jeu de rôle et de nombreux “Livres dont vous êtes le héros”, ces livres qui permettaient à son lecteur de choisir le déroulement de l’intrigue.
Gee – Mais comment on peut faire ça avec un livre ?
Kit – Il suffit de proposer des choix qui vont renvoyer à différents chapitres. Par exemple : à l’entrée de la ville, un mendiant vous interpelle. Si vous passez tout droit, allez en page 15. Si vous allez parler avec lui, allez en page 20.
Gee – Maintenant que tu le dis, j’en ai lu un de ces livres !
Kit – Et tu avais aimé ?
Gee – Je suis morte trois fois, et j’ai même pas dépassé le second choix ! J’ai mis ce fichu bouquin au fond de la bibliothèque et j’y ai plus jamais retouché ! … Et arrête de te marrer, c’est pas drôle !
Un mur à panneaux mobiles complète la salle en faisant un clin d’oeil aux jeux utilisant des tuiles mobiles, tels que le bon vieux “Labyrinthe”.
Quête annexe – Le petit plus
Gee – Eh ben, c’était une chouette expo ! J’ai appris plein de choses ! Et toi, Kit, t’en a pensé quoi ?
Kit – Mhh…
Gee – Quoi, encore le nez dans ta tablette ? Mais c’est pas vrai, t’as passé presque toute ta visite les yeux vissés à ce truc. Ca vaut bien la peine de sortir !
Kit – Rah, mais laisse-moi deux minutes ! C’est la dernière question !
Gee – Question ? Comment ça, question ?
Pour les amateurs d’expositions interactives et les curieux, la Maison d’Ailleurs propose aux visiteurs de jouer avec leur exposition grâce au scénario interactif “La Maison aux 100 portes : le musée d’où on ne peut s’échapper”. Il suffit de télécharger une application sur son téléphone ou d’emprunter une tablette à l’entrée, et le jeu peut commencer : le musée s’est refermé sur vous, et pour sortir il va vous falloir répondre aux questions qui vous seront posées et suivre les indications données. Vous choisissez votre couleur au début de votre visite, ce qui donnera une certaine thématique à votre expérience (à noter qu’on vous propose plusieurs fois au cours de la visite de changer de couleur, selon votre envie ou vos réponses, vous n’êtes donc pas bloqués dans un thème s’il ne vous plaît pas), et ensuite vous vous laissez guider de salle en salle en suivant le chemin de votre couleur et en répondant aux questions.
Le jeu existe en deux versions : pour les apprentis héros de 8 à 14 ans, et aventuriers confirmés de 14 à 104 ans. Un livret “Petit guide de l’expo pour les familles de super-héros” propose un point de vue sur le jeu dans les relations interfamiliales et des activités pour les loupiots de 4 à 8 ans.
Mikaua – J’ai fini. Quelle couleur, Kit ?
Kit – Vert, enquête et réflexion. Et toi ?
Mikaua – Vert aussi, mais j’ai failli finir sur le rouge ; j’ai cru bifurquer sur du Donjons et Dragons et je suis tombée sur Lovecraft… Mais ça restait amusant.
Gee – Maiiiis-euh ! J’aurais voulu jouer aussi, vous auriez pu me dire qu’il y avait ça !
Mikaua – C’est entièrement de ta faute : tu es partie dans l’expo sans même écouter la fin des explications de la gentille employée de l’entrée.
Kit – Ca t’apprendra à être un peu plus patiente.
Expérience de fin de quête – Bilan et conseils
Avec un tour très complet de la question, l’Expo dont vous êtes le héros rend honneur au jeu sous toutes ses formes. Elle prouve également qu’un musée ne fait pas que présenter des vestiges du passé, il peut également montrer des aspects de la culture d’aujourd’hui qu’on connaît moins, voire pas du tout, alors qu’on la côtoie pourtant presque quotidiennement. C’est pas tous les jours qu’on peut voir dans un musée des objets qu’on a eu soi-même dans les mains, voire qu’on pourrait avoir dans son sac en ce moment-même (si, si, nous autres rôlistes on se balade régulièrement avec nos dés) : l’impression est troublante et du coup va d’autant plus pousser à la réflexion. De quoi se sentir comme un Romain qui mettrait les pieds dans un musée d’histoire ! En tous les cas, qu’on soit joueur ou qu’on veuille découvrir le sujet, tous les publics seront ravis.
Le jeu sur tablette est assez amusant et amène quelques informations supplémentaires en plus de sa dimension ludique. Ceux qui aiment prendre leur temps pour lire tous les panneaux risquent de faire un peu paniquer la tablette, qui ne comprend pas pourquoi vous mettez tant de temps à changer de salle si vous oubliez de la mettre en veille, mais rien d’insurmontable.
Un petit conseil personnel : prévoyez du temps ! Il y a beaucoup de choses à voir et également à tester, et ce serait dommage de vous en priver.
Et au personnel de la Maison d’Ailleurs ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à cette exposition : un grand bravo ! C’est clair, bien présenté et varié, on ne s’ennuie pas d’un bout à l’autre ! Vous avez fait un travail magnifique et rendu un bel hommage au jeu.
Quelques petites informations pratiques pour terminer :
Dates : 18 novembre 2018 au 27 octobre 2019
Prix de la visite
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Adultes : CHF 12.-
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Etudiants et autres prix réduits : CHF 10.-
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Enfants dès 6 ans : CHF 8.-
Prix pour les groupes et toutes les offres sur le site de la Maison d’Ailleurs
MJ, tu peux me passer le manuel ? – Sources
– Le dossier de presse de l’exposition
– L’exposition en elle-même
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