La trilogie des Mercenaires est un arc parallèle aux aventures de Drizzt Do’Urden qui met en scène deux antagonistes récurrents : Artémis Entreri et Jarlaxle. Persuadé que sa némésis est mort, Artémis Entreri n’a plus d’excuses et doit regarder en face celui qu’il est devenu. Mais son introspection pourrait bien être interrompue par les manigances de Jarlaxle, qui semblent devenir ingérables, même pour lui !
Fiche technique
- Regroupe les titres :
- Serviteur du cristal (Bragelonne, 2009) / Les ailes noires de la mort (Fleuve noir, 2006)
- La promesse du Roi-sorcier (Bragelonne, 2009)
- La route du patriarche (Bragelonne, 2009)
- Titres originaux :
- Servant of the Shard
- Promise of the Witch king
- Road of the patriarch
- Titre original de la série : Sellswords
- Auteur : Robert Anthony Salvatore
- Première publication (Anglais) : 2000 (tome 1), 2005-2006 (tomes 2 et 3)
- Genre : Fantasy
- Nombre de tomes : 3
- Niveau : Lecteur moyen
Bibliochimie
Si un alchimiste voulait recréer cette série dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédients ?
– La maîtrise du scénario d’un grand maître du jeu de rôle
– Des recoins parfois moins connus des Royaumes Oubliés
– L’opportunité de voir le monde à travers les yeux des antagonistes du héros habituel
L’histoire
Serviteur du cristal (Les ailes noires de la mort) / Servant of the Shard
Suite à une très habile mise en scène de Jarlaxle, Artémis Entreri est persuadé d’avoir tué son adversaire de toujours, Drizzt. Il sait toutefois qu’il avait bel et bien perdu face au ranger drow, et qu’il aurait dû mourir et ne devait sa survie qu’à l’intervention d’un des lieutenants du mercenaire. Ne pouvant plus prouver sa valeur par leur affrontement, l’assassin se trouve forcé à l’introspection, et ça n’est pas pour lui plaire.
De son côté Jarlaxle, ayant récupéré Crenshinibon s’occupe d’asseoir la mainmise de Bregan D’aerthe sur la pègre de Portcalim. Mais, si le chef mercenaire a toujours été un maître en manipulation, il a peut-être trouvé cette fois plus fort que lui, car, sous l’influence de l’Éclat de cristal, ses plans se font de plus en plus téméraires, et risquent à force de dévoiler la présence des Drows – ce qui unirait toute la ville contre eux. Voyant que les lieutenants de Jarlaxle risquent bien d’éliminer leur chef, Entreri, qui sait bien que sa survie ne tient qu’à l’influence de Jarlaxle, va devoir s’efforcer de sauver le chef mercenaire de lui-même…
La promesse du Roi-sorcier / Promise of the Witch king
Attention, spoilers !
Quatre ans après avoir détruit l’Éclat de cristal et laissé le commandement de Bregan D’Aerthe à Kimmuriel, Artémis Entreri et Jarlaxle, partis ensemble sur les routes, sont devenus mercenaires dans les Terres héliotropes et travaillent pour le compte de deux soeurs marchandes, dont la trompeuse apparence humaine dissimule en réalité deux dracosires femelles.
Il y a en effet de quoi allécher deux créatures aussi matérialistes dans ces terres autrefois sous la coupe du roi-sorcier Zhengyi, une liche qui avait alors de nombreux dragons à ses ordres. Bien qu’il soit vaincu depuis longtemps, des caches d’artéfacts et – plus grave – de grimoires lui ayant appartenu refont régulièrement surface. Envoyés à la recherche d’objets de valeur en Vaasie, les deux compagnons vont se retrouver bien malgré eux embarqués dans une expédition visant à détruire une forteresse construite par la magie d’un de ces dangereux objets du roi-sorcier.
La route du patriarche / Road of the patriarch
Attention, spoilers !
Suite à leur victoire contre la dracoliche Urshula, Artémis Entreri et Jarlaxle vont se voir récompenser par le roi-paladin Gareth ; mais si Jarlaxle est ravi des opportunités que lui offrira son titre de Héros d’Héliotrope, Entreri est lui plus qu’agacé de se faire nommer Apprenti Chevalier de l’Ordre, quand bien même il s’agit d’un des plus grands honneurs. Ce qui lui reste encore plus en travers de la gorge, c’est qu’ils doivent maintenant obéir aux directives de la Citadelle des Assassins – qui les tient pour responsables, à juste titre, de la perte d’un de leurs commandants les plus utiles – en plus de celles des deux soeurs dragonnes.
De son côté, le roi Gareth Tueurdedragons compte bien obtenir des précisions sur ce qui s’est exactement passé dans la forteresse magique où se trouvait la dracoliche. En effet, parmi les personnes mortes dans la forteresse magique, il y avait sa nièce, Ellery, et le rôdeur Mariabronne, protégé de l’un de ses compagnons de longue date. Et pour son enquête, il peut compter sur l’appui des six compagnons avec lesquels il a, il y a douze ans, terrassé le Roi-sorcier Zhengyi.
Quelques petits plus
– A l’origine, le premier roman, « Servant of the Shard », parut dans l’arc « Path of Darkness », (les Voies des ténèbres). Salvatore décida lors de l’écriture du second volume qu’il valait la peine d’en faire un arc à part, et le premier volume fut retiré de son arc originel pour devenir le tome 1 de Mercenaires.
– On notera encore une fois le gouffre qui sépare les deux traductions francophones du titre « Servant of the Shard ». Fleuve noir continuait alors sur sa lancée des titres lyriques mais n’ayant aucun rapport avec l’original.
– Les tomes 2 et 3 de Mercenaires sont les premiers des romans de la Légende de Drizzt à paraître chez Bragelonne en tant qu’inédits en français.
– La trilogie des Mercenaires se déroule en parallèle des autres aventures de Drizzt et ne se suivent pas exactement les uns les autres. Le tome 1 se passe en 1366 du Calendrier des Vaux, et les tomes 2 et 3 se déroulent entre 1370 et 1371.
Avis de la rédac’
Mikaua : Avec la trilogie des Mercenaires, le casting est de premier choix : Artémis Entreri et Jarlaxle, les deux antagonistes les plus emblématiques de la Légende de Drizzt, tiennent ici les premiers rôles. Le duo est surprenant : Entreri est un solitaire qui considère les relations humaines comme une faiblesse, tandis que Jarlaxle, de son côté, arrive malgré la réputation de sa race à se mettre pratiquement tout le monde dans la poche grâce à son charme naturel et à un excellent jugement d’autrui ; pourtant, cette équipe fonctionne étonnamment bien, au point qu’on en redemande. Si cette trilogie apporte nombre de combats épiques et rend très bien l’ambiance des donjons de haut niveau, c’est surtout au niveau de la psychologie des personnages que le récit montre toute sa force. Fort de l’expérience acquise au cours des romans précédent, Salvatore donne ici toute sa mesure en montrant l’introspection et l’évolution psychologique d’Entreri au cours des trois tomes. Le contraste avec un Jarlaxle qui – loin des machinations des Matrones et des contraintes inévitables qu’amène la gestion d’un groupe de mercenaires – s’amuse comme un petit fou est d’autant plus frappant. Si Jarlaxle m’avait toujours intrigué dans les romans précédents, et que de voir de nouveaux aspects de lui m’a beaucoup plu – j’ai fini morte de rire à cause de certaine de ses répliques – j’ai vraiment redécouvert le personnage d’Entreri dans cette trilogie des Mercenaires. Si auparavant c’était surtout l’adversaire du héros, la némésis incontournable de ce genre d’histoires qui permet aux gentils de donner leur pleine mesure, j’ai pu lui découvrir une profondeur qui a achevé d’en faire à mes yeux ce qu’il était déjà à ceux de son créateur : un personnage à part entière de la Légende de Drizzt, qui valait bien de négocier plus d’une heure au téléphone pour lui éviter de disparaître lors du passage de la première à la seconde édition de Donjons&Dragons. Et au passage un grand merci aux éditions Bragelonne de nous avoir offert des versions intégrales de ces romans, parce que sabrer (à la manière des éditions Fleuve noir) dans un récit qui s’axe sur la psychologie, ça devrait être interdit par la loi !
Keul : Quand j’ai débuté cette trilogie, j’avoue avoir été un peu surpris du choix des personnages car, même si Entretri et Jarlaxle ont déjà travaillé ensemble, les voir faire équipe dans un but commun est assez intriguant. Alors que penser de cette trilogie ? C’est du Salvatore tout d’abord, et du grand Salvatore qui tire les ficelles de son scénario avec brio, alternant les intrigues et sous-intrigues à la manière d’un marionnettiste de talent. Même si on ne voit pas tout de suite où il veut en venir (et c’est tant mieux d’ailleurs), on sait qu’à un moment donné, toutes les histoires vont se recouper pour donner un final explosif et intense. Mais cette série est un peu moins axée sur les combats et fait la part belle – Jarlaxle oblige – à la psychologie et l’introspection des personnages. Alors autant prévenir ceux et celles qui sont fans d’action et afficionados de la série de Drizzt, cette trilogie est plus proche de Greenwood, car elle fait la part belle à la politique et aux intrigues, mais elle ne fait, selon moi, que mettre en avant une autre facette de l’écriture de Salvatore. A consommer sans modération donc.
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