Si l’on est purement manichéiste, il existe les bons jeux et les mauvais jeux.

Cependant, pour l’amateur éclairé, il existe tout un monde entre les deux. Des jeux qui auraient tout le potentiel d’un excellent titre, mais dont la réalisation comporte de petits défauts, laisse le joueur avec un sentiment d’inachevé.

Pour moi, ce jeu c’est Overlord.

Fiche technique

La jaquette du jeu

  • Développeur: Triumph Studios
  • Éditeur: Codemasters
  • Réalisateur Lennart Sas
  • Compositeur: Mark Knight, Michiel van den Bos
  • Dates de sortie:
    • Microsoft Windows, Xbox 360
      • AN : 26 juin 2007
      • EUR : 29 juin 2007
      • AUS : 6 juillet 2007
    • PlayStation 3
      • EUR : 22 juin 2008
      • AN : 24 juin 2008
      • AUS : 3 juillet 2008
  • Genre: Action-aventure
  • Mode de jeu: Un joueur, multijoueur
  • Plate-forme: Windows, Xbox 360, PS3, Linux, OS X

Synopsis

La tour noire est en ruine. Le domaine du Mal est réduit à peau de chagrin. Les sept héros victorieux se reposent sur leurs lauriers et se laissent aller à la luxure, la paresse et la gloutonnerie.

Mais dans la crypte de la tour, le nouvel Overlord est réveillé par les derniers larbins encore présents. Biscornu, le maître des larbins, va entreprendre votre formation et vous assister dans la reconquête de votre domaine, ainsi que dans l’exécution de la vengeance qui va s’abattre sur les héros du Bien.

Vous devrez d’abord diriger votre horde de larbins, pour qu’ils exécutent vos ordres au doigt et à l’œil, puis maîtriser vos sorts pour mieux soutenir leurs efforts et pulvériser vos ennemis.

Après cette petite prise en main, vous partirez en quête de l’orbe de tour, relique maléfique qui vous permettra de vous téléporter vers les différentes régions du monde, des plaines d’Abondances jusqu’au désert de Ruboria. Au fil de votre périple, vous trouverez des artefacts qui amélioreront vos sorts, vos larbins, votre armure et surtout, vous pourrez vous remplir les poches et réparer votre tour pour devenir le seigneur du mal le plus craint de tous les temps.

L’Overlord (à droite) et Biscornu, le chef des larbins

Gameplay

Overlord est un action RPG qui mélange l’univers médiéval-fantastique avec un gameplay à la Pikmin. En somme, ce n’est pas vous qui menez les combats ou les actions directement, mais vous dirigez votre horde de larbins qui exécutent toutes les basses besognes pour vous.

Votre rôle est de gérer votre horde et de trouver comment utiliser vos différents larbins à bon escient. Le jeu en compte 4 types :

  • Les bruns : les larbins de base. Robustes et belliqueux, les bruns attaqueront n’importe quel ennemi que vous leur désignerez, sans réfléchir aux pertes. Ils vous sont dévoués corps et âme, et vous rapporteront tous les trésors qu’ils trouvent au fil de l’aventure, ne gardant pour eux-même que des armes et des armures de fortune.
  • Les rouges : les larbins de feu. Plus fragiles que leurs cousins bruns, les rouges sont vos unités d’attaque à distance. Ils éternuent dans leurs griffes de petites boules de morve incandescentes, qu’ils lancent sur vos ennemis. Ils sont également ignifugés et peuvent éteindre les brasiers qui vous bloquent le passage.
  • Les verts : les larbins putrides. Au fond des marais suintants vivent les larbins verts. Résistants aux poisons, les verts ont la faculté d’embusquer vos adversaires et de les attaquer dans le dos. De vraies pourritures.
  • Les bleus : les larbins magiques. Seuls larbins ayant la faculté de nager, les bleus sont également résistants à la magie et peuvent régénérer leurs alliés tombés au combat. Cependant, ils sont extrêmement fragiles et n’ont aucune capacité de corps à corps, si ce n’est contre les fantômes.

Ravagez les récoltes d’Abondance

Pour invoquer des larbins, il vous faudra collecter de l’énergie vitale de la couleur correspondante. Cette dernière se récupère sur les cadavres de vos victimes. Au début, la taille de votre horde est réduite et vous devrez trouver des artéfacts pour maîtriser un plus grand nombre de larbins.

L’invocation ne peut se faire qu’à des puits spécifiques, ce qui oblige à bien réfléchir à la composition de votre horde avant de vous lancer dans une phase de jeu.

Vous disposerez également d’une batterie de sorts qui vous permettent de soutenir l’effort de vos troupes, ainsi que d’une arme de poing pour intervenir directement dans les combats, si cela vous semble nécessaire.

Détruisez la forêt des elfes.

Jouabilité

Si au premier abord le jeu donne l’impression d’un open world, il n’en est rien. Vous suivez une progression linière classique, débloquant les niveaux successifs après l’obtention d’un artéfact spécifique que vous obtiendrez après avoir vaincu le boss dudit niveau.

Pour traverser les niveaux, vous devrez résoudre des énigmes en utilisant vos larbins pour ouvrir les passages, ramasser les artefacts et tuer vos adversaires.  C’est pourquoi, tant que vous n’aurez pas certains larbins, vous ne pourrez pas accéder à certaines zones ou atteindre certains objets. La stratégie sera votre meilleur moyen de réussite, surtout contre des ennemis puissants. Vous devrez faire preuve de malice pour en venir à bout et, régulièrement, votre horde sera décimée par un ennemi inattendu ou simplement par votre incapacité à diriger vos troupes correctement.

Ne vous inquiétez pas, ce jeu est un die and retry : sauvegardez régulièrement, apprenez de vos erreurs, et persévérez. La difficulté n’est pas excessive, si vous trouvez la solution du problème et ne vous entêtez pas à foncer dans le tas avec vos frêles forces.

La plus grande difficulté du jeu est certainement la maniabilité. Déjà que votre personnage se déplace à la vitesse d’une limace anémique, votre choix d’action est réduit à un minimum. Vous pouvez marcher, taper, lancer un sort et c’est tout. Un rondin vous bloque le chemin ? Vous ne pourrez ni sauter par-dessus, ni l’escalader, vos larbins devront soit déplacer l’obstacle, soit le détruire.

L’action principale du jeu est le déplacement de vos larbins. De base, vos petits serviteurs vous suivent docilement, jusqu’à ce que vous leur donniez un ordre. Il vous faudra pour cela, sélectionner le type de larbins à qui vous désirez confier la tâche, puis soit les envoyer vers l’objectif un à un, soit former un groupe et guider ce dernier jusqu’à l’endroit désiré. Vous avez également la possibilité de poster des larbins pour qu’ils déclenchent des embuscades ou bombardent vos ennemis de boules de feu tout en restant hors de portée.

Le négatif

C’est dans ces phases de jeu, que vous rencontrerez votre pire ennemi : la caméra. Cela peut paraître ridicule, mais le fait que le contrôle de vos larbins soit sur votre joystick droit, qui est naturellement dédié à la caméra dans 90% des autres jeux, va nécessiter de votre part un temps d’adaptation. Pour bouger l’angle de vue, vous devrez tournez votre personnage puis recentrer la caméra avec la gâchette gauche, ce qui lors d’une phase d’action où vous devez prendre des décisions rapides peut vite devenir handicapant. S’ajoute à cela la perspective à la troisième personne qui n’aide pas à l’appréciation des distances lorsque vous télécommandez votre horde.

Le positif

Si ce jeu a un grand point fort, c’est qu’il est très beau pour l’époque. Les différents niveaux sont bien construits et le style des décors est assez original. Il va de soi que la modélisation des personnages humains est répétitive, et les PNJS n’ont qu’une implication limitée dans l’action. Mais les adversaires sont variées, ont des designs originaux, et tout le jeu est modélisé comme une parodie de RPG.

Ce jeu possède également une certaines re-jouabilité, du fait que les choix que vous ferez influent sur le déroulement de l’histoire.

Vous pourrez donc devenir un seigneur magnanime et céder aux doléances des gueux vivants aux alentours de votre domaine, ou alors, devenir l’incarnation du mal. Détruire les récoltes, saccager les maisons et ne faire aucun prisonnier, vous êtes le maître de la tour sombre et vous serez craint et respecté !

Pillez la réserve de bières des nains.

Mon avis

J’entretiens avec Overlord une relation d’amour-haine. J’adore l’univers, le gameplay et l’histoire. Cependant, les défauts de la gestion de la horde et les collisions m’ont régulièrement frustré. Trop souvent, mes larbins se sont noyés, fait brûles, exploser, fait mangés sans que je n’y puisse rien. La perspective de la caméra est parfois trompeuse et la gestion à distance s’en trouve souvent laborieuse, surtout si vous devez faire zigzaguer votre troupe entre plusieurs dangers mortels.

De plus, l’absence de carte dans l’interface est très déroutante pour les habitués de ce genre de titre.

Je recommanderais fortement Overlord aux amoureux d’héroïc-fantasy qui voudraient se voir pour quelques heures dans la peau du méchant. Même si vous ne bénéficiez pas d’une liberté totale, le monde dans lequel vous évoluez est suffisamment vaste et varié pour vous occuper un bon moment. Vous serez poussés à faire des aller-retours, retourner explorer les zones pour des trésors, voire simplement trouver de l’équipement pour rééquiper vous troupes.

En conclusion, Overlord est un mix entre Pikmin et Donjons & Dragons. Le but principal est de solutionner les énigmes qui se présentent à vous avec les moyens à disposition. Le chemin de l’aventure est tout tracé, cependant c’est votre façon d’aborder cette aventure qui fera de votre partie une expérience unique. Donc, prenez-vous une trentaine d’heures et donnez une chance à Overlord. Le pire de tous les bons jeux, ou le meilleur mauvais jeu de sa génération.

Bande annonce

Sources