Vous en avez assez des jeux à l’américaine, où tout explose toutes les cinq minutes et truffés à chaque séquence d’une débauche d’effets ? Shadow’s Tale est là pour vous. Plongez-vous dans les aventures d’une ombre qui, contrairement à celle de Peter Pan, ne reculera devant rien pour être réunie avec le corps d’où elle provient. Ambiance calme, onirique, et travail des cellules grises assurés.

Jaquette du jeu

Informations techniques

  • Nom américain : Lost in Shadows
  • Éditeur : Konami (EU), Hudson Entertainment (CAN, US)
  • Développeur : Hudson Soft
  • Console : Wii / Wii U
  • Année de sortie : 2010
  • Genre : Aventure (plate-forme)
  • Classification : 12 ans (EU)

De quoi ça parle ?

En haut d’une gigantesque tour dont le sommet perce les nuages, un étrange rituel a lieu. Un enfant, une aura sombre autour de lui, flotte entre deux colonnes de pierre sous un soleil éclatant. D’un seul coup d’une grande épée apparue en crépitant dans sa main, un mystérieux officiant masqué sépare l’enfant et son ombre. Ramassée par l’officiant, l’ombre du garçon est alors traînée jusqu’au rebord de la terrasse… et balancée dans le vide. Après une chute de maints et maints étages, ayant bien souffert, elle se relève et découvre à ses côtés une créature de lumière, sorte de papillon-esprit visiblement curieux nommé Spangle. L’ombre du garçon entreprend alors vaillamment l’ascension de la tour pour retrouver le corps auquel elle appartient.

Quel était le but de cet étrange rituel ? Pourquoi cette tour est-elle complètement vide d’habitants mais fourmille par contre de monstres d’ombre en tous genres ? Sur son chemin vers le sommet, l’ombre du garçon va tenter de comprendre ce qui se passe tout en faisant de son mieux pour rester entière.

Manette en main, ça donne quoi ?

Shadow’s Tale aurait pu se contenter de faire évoluer le personnage dans un décor d’ombres pures, et le jeu aurait été franchement quelconque. A la place, on nous offre des niveaux “réels” de toute beauté, où l’on joue réellement avec l’ombre et la lumière. Le décor est à la place qu’il aurait pour un jeu traditionnel, et c’est l’oeil du joueur qui doit aller chercher l’ombre là où elle est, pour voir où est en train d’évoluer le protagoniste. Et dans cela, le décor “réel” n’est pas oublié, car il faut régulièrement interagir avec l’un ou l’autre élément, par le biais de l’aimable sylph (nom tiré du site de Nintendo) Spangle, pour modifier l’ombre qui est projetée et ainsi se construire un chemin là où on serait autrement bloqué.

L'Ombre du garçon esquive une flèche

Il faut un peu de temps au début pour repérer le personnage (ici esquivant une flèche)

Shadow’s Tale, comme tout bon jeu de plate-forme, fait courir et sauter dans tous les sens. Quand on n’est pas en train d’esquiver une scie circulaire qui passe ou de contourner des pièges, c’est que l’on cherche partout le levier qu’on avait dépassé sans le voir, et qui du coup a valu de se retrouver devant une porte close. Afin d’atteindre le sommet, il faut triompher des difficultés mises sur le chemin, la plupart du temps sous la forme d’un mur d’ombres qui ne pourra être détruit qu’en rassemblant les trois yeux moniteurs qui se cachent dans le niveau.

Le jeu a également un petit côté RPG : chaque ennemi vaincu donne de l’expérience, ce qui permet à l’ombre du garçon de monter de niveau au fur et à mesure qu’il terrasse les monstres d’ombre. Cela permettra de frapper plus fort, et ainsi de venir plus facilement à bout des ennemis.

Du côté de la santé, pas de points de vie, logique vu que l’on contrôle une ombre au lieu d’un être en chair et en os. A la place, l’intégrité physique est représentée par un poids, chiffré en grammes. Et lorsque ce chiffre atteint zéro, il n’y a plus de matière disponible, et du coup l’Ombre du garçon se dissipe. Il est possible de “prendre du poids” en récoltant les morceaux de mémoire, nonante (quatre-vingt-dix) en tout, dispersés à travers les différents étages.

La barre rouge représente les grammes ; la violette en dessous, l'expérience.

La barre rouge représente les grammes ; la violette en dessous, l’expérience.

L’aspect esthétique de chaque niveau est également un vrai plaisir. En grimpant les étages, on passe par des éclairages d’intérieur bleutés, des soleils couchants rasant qui colorent tout le niveau en doré, des éclatants soleils de midi… bref, une bien agréable variété dans les éclairages qui ravissent l’oeil autant qu’ils font varier les jeux d’ombres. Enfin, au niveau de la bande-son, les musiques savent se faire oublier mais donnent juste ce qu’il faut d’ambiance. On joue dans les ombres, donc atmosphère feutrée, à quelques séquences près ; c’est extrêmement agréable d’avoir une bande-son aussi raccord.

Avis de la rédac’

Mikaua : Il n’a l’air de rien, mais Shadow’s Tale est une petite perle. Tout en charmant l’oeil par ses magnifiques décors et ses jeux d’ombre et de lumière, il modifie complètement l’approche qu’on a habituellement d’un jeu de plate-forme. Un innocent chemin en plein soleil deviendra ainsi un piège mortel – un abîme sans fond dans lequel il faudra à tout prix éviter de tomber. Et au contraire, un mur qui serait un obstacle insurmontable se change en gentille pente douce dans le soleil couchant – qui donc incline l’ombre, sur laquelle on peut cheminer. La réflexion est présente sans pour autant nous bloquer irrémédiablement, donc peu de risque de frustration. En prime, c’est servi avec une histoire simple mais efficace, pratiquement sans dialogue ni narrateur, qui intrigue juste assez pour nous pousser jusqu’au sommet de cette tour mystérieuse – un peu le genre de narration qu’à Shadow of the Colossus, en fait. Les créateurs de ce jeu ont même poussé le vice à semer quelques indices “hors jeu”, dans le texte de l’écran du game over ou dans la forme que prend l’écran de sauvegarde. A mon sens, Shadow’s Tale est un vrai petit bijou tout en poésie, qui se laisse découvrir avec un très grand plaisir. Si vous avez une Wii, jouez-y, vous ne pourrez pas être déçus !

Sources

Le jeu lui-même

Page du jeu sur jeuxvideo.com

Page britannique de Nintendo sur le jeu


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