Introduction
Stormbringer, un nom qui évoque bien des souvenirs et une foule de sentiments contradictoires pour tous celles et ceux qui ont lu le Cycle d’Elrik de Michael Moorcock. Synonyme de fatalité, de combats épiques, de choix cornéliens et de voyages dans des mondes fantastiques, loin des canevas des auteurs classiques du genre comme Howard ou Tolkien. Quoi de plus normal donc que cette série ait été adaptée en jeu de rôle, pour le plus grand plaisir des fans. Néanmoins, comme nous le verrons dans ce Dice Roller, rester fidèle à une saga de romans aussi emblématique que celle de Moorcock ne va pas sans aboutir à certains problèmes.
Informations techniques
- Titre: Stormbringer
- Type : Médiéval fantastique
- Édition : Chaosium
- Auteurs: Ken St. Andre
- Année: 1981
- Système de jeu : Basic Role Playing
- État actuel : Indisponible
De la saga d’Elric à Stormbringer
Avant de débuter la description du jeu de rôle et donc d’entrer dans le vif du sujet, nous alors prendre quelques lignes pour parler de la saga d’Elric. Pas d’inquiétude, nous n’allons pas traiter de celle-ci dans son intégralité, comme nous le ferions dans un Insert Book, mais nous allons tenter de dégager les thèmes principaux qui ont donné naissance à Stormbringer. Essayons donc de rester simple, ce qui n’est pas évident lorsque nous parlons de Moorcock. Le Cycle d’Elric met en scène les aventures d’un albinos nommé Elric. Il s’agit du dernier empereur de Melniboné, une île perdue au milieu de l’océan dans les Jeunes Royaumes et qui est connue pour son élevage de dragons. L’histoire du héros, qui n’est autre que l’une des réincarnation du Champion éternel, comme le sont nombre des héros de Moorcock, prend place dans ce que l’auteur nomme le Multivers, soit un ensemble de mondes parallèles, connectés entre eux par delà l’espace et le temps. Bien que supérieurs aux autres humains, les Melniboniens sont un peuple sur le déclin, comme son héros qui doit sans cesse consommer des potions pour ne pas mourir. La déchéance physique d’Elric durera jusqu’à ce qu’il mette la main sur une épée-démon du nom de Stormbringer, qui le mènera tout droit à son destin tout en s’imposant à sa personne. Dès lors, le héros n’aura de cesse de lutter contre l’emprise de l’épée et son inéluctable destin, entreprise qui lui paraît vaine et qui ne semble qu’apporter mort et destruction autour de lui. Le jeu de rôle reprend donc le nom de cette fameuse épée, qui dote le héros de pouvoirs incommensurables mais qui le mène petit à petit à sa perte.
Les thèmes principaux de Moorcock transposés dans Stormbringer
Presque tous les ouvrages de Moorcock traitent d’une lutte sans fin entre des puissances qui dépassent de loin le commun des mortels. Il s’agit de la lutte entre le Chaos, qui est une force de corruption mais également de progrès, et la Loi, qui incarne la fixité, l’immuabilité, mais aussi la préservation de toute chose. Entre ces deux éléments qui s’opposent se trouve ce que l’auteur nomme la Balance, qui sert à la fois de barrière et de pont entre ces deux forces. Celles-ci s’affrontent donc par delà le Multivers, dans des mondes parfois semblables, parfois totalement opposés. Cette lutte ne voit ni vainqueur ni vaincu, car Loi et Chaos sont soumis à la loi de la Balance, qui tend à les équilibrer. Il peut cependant arriver que l’un des éléments prennent le pas sur l’autre et que la Loi ou le Chaos s’impose dans un monde. C’est là qu’intervient la Balance, pour rééquilibrer les forces en faisant intervenir le Champion éternel. Ces éléments forment la base de l’univers de Stormbringer et seront omniprésents dans les différents scénarios.
Système de jeu
Le système de jeu employé dans Stormbringer n’est autre que Basis Role-Playing, également connu sous le nom de Chaosium. Nous avons déjà traité de ce système de jeu dans le Monde des Ténèbres ou Harry Potter JDR, mais voici quelques petits rappels. Ce système emploie une base de compétences commune à tous les univers mais légèrement adaptable en fonction de la présence ou de l’absence de certains éléments (armes à feu, magie, pouvoirs paranormaux, etc.). Le personnage possède une certaine maîtrise dans ces compétences, qui est exprimée en %. Plus le pourcentage est haut et plus la maîtrise de la compétence est élevée. Pour la résolution d’une action, le personnage lancera un d100 dont le résultat devra être inférieur ou égal à sa maîtrise dans la compétence employée. Pour les actions qui ne dépendent pas des compétences, les caractéristiques (qui définissent le physique et le mental du personnage) sont là pour pallier à ce manque. La valeur des caractéristiques sont alors comparées dans une table de résolution des oppositions. On oppose ici une valeur active (la force physique d’un personnage par exemple) à une valeur passive (la résistance d’un rocher) pour résoudre une action (le personnage veut pousser le rocher). Stormbringer utilise une version simplifiée du système de ces règles pour la création des personnages et la résolution des différentes actions.
Pour coller au plus près de l’univers, Stormbringer introduit la magie d’invocation, ce qui diffère grandement de AD&D et des sorciers et magiciens possédant des listes de sortilèges. Dans cette version, le magicien ne lance pas personnellement des sortilèges mais invoque des démons provenant d’autres mondes pour qu’ils puissent user de leur magie. Mentionnons au passage que cette magie est liée au Chaos et qu’elle est susceptible de se retourner contre son utilisateur. Employer les services de puissants démons fera donc courir un risque aux sorciers et à ses compagnons, ce qui limite l’emploi trop fréquent de magies dévastatrices. Il en va de même pour les objets magiques, qui ne sont en réalité que des démons stockés dans ces objets. Ainsi, une épée magique n’est autre qu’une épée classique dans laquelle un démon offensif a été scellé.
Comme nous l’avons déjà mentionné, toutes les races de l’univers, ou plutôt du Multivers dans ce cas, sont jouables. Il sera cependant préférable d’éviter la mixité dans un groupe car, à part les humains, les autres races possèdent globalement plus d’avantages que de désavantages, ce qui peut totalement déséquilibrer la partie. Cependant, cette différence n’est réelle qu’au début de la partie, car l’évolution se fait ensuite par l’apprentissage et le renforcement des compétences possédées ou non. Du moment que le joueur trouve un mentor ou un objet adéquat, il est alors susceptible d’apprendre tout et n’importe quoi, de se perfectionner dans l’une de ses compétences, voir même de dépasser les 100% de maîtrise dans certains cas.
Il résulte de ces éléments un certain dynamisme, pourvu que l’équilibre des différents personnages ait été respecté en début de partie. Les règles sont simples – Chaosium étant fait pour ça – et très faciles à mettre en œuvre. Le système d’apprentissage permet aux personnages d’évoluer comme bon leur semble, sans les restreindre à une classe particulière. On regrettera cependant l’attribution de certains caractères aléatoirement, ce qui peut donner naissance à des personnages bien trop puissants par rapport à d’autres, créant ainsi des tensions dans le groupe de personnages joueurs.
Évolution du jeu
Stormbringer a été la première adaptation des romans de Moorcock en jeu de rôle. Celle-ci a connu quatre éditions avant de subir une refonte générale en 1993, afin d’adapter les mécanismes de jeu aux tendances de l’époque. Renommé Elric !, cette édition a à son tour été renommée Stormbringer, ce qui tend à provoquer certaines confusions pour les joueurs. Ces six éditions sont toutes basées sur le système Chaosium, mais une nouvelle édition basée sur le système D20 a également vu le jour sous le nom de Princes Dragons. Cette édition se déroule également dans les Jeunes Royaumes et la majeure partie des règles de Stormbringer ont été adaptées au nouveau système, même si celle-ci suit les aventures non pas d’Elric mais d’Hawkmoon, une autre incarnation du Champion éternel.
Conclusion
Le premier élément qui frappe lorsqu’on parcourt les pages de Stormbringer est l’attachement à la série de livres dont il est inspiré. L’auteur s’est attardé sur nombre de détails d’importance, qui impliquent les joueurs dans cet univers si particulier qui avait provoqué une véritable révolution lorsque les livres étaient parus. Néanmoins, cet attachement à la série n’a pas que du bon car elle reproduit le fossé de puissance qui peut apparaître dans les livres entre les différents personnages. Si le Maître du Jeu décide de prévoir une création de personnages aléatoire, il est fort à parier que vous vous retrouverez dans une partie qui implique de grandes différences de puissance. Prenons l’exemple des Melnibonéens, des Myrrhynniens et Pan Tangiens sur lesquels vos joueurs sont susceptibles de tomber et qui sont de loin plus puissants que les humains normaux. Autre point noir pour certain, le jeu oriente les actions des personnages vers quelque chose d’anarchique et rarement tourné vers le rôle-play, car ils évolueront dans un univers sombre, impitoyable, aux prises avec des forces surpuissantes qui ne laissent que peu de place à la diplomatie et à la bonté, à moins que votre Maître du Jeu ne fasse pas quelques efforts. Comme toujours, la qualité de vos parties dépendra de votre MJ, mais plus encore avec Stormbringer, car vous serez rapidement tenté de vous tourner vers la facilité et la brutalité pure plutôt que vers d’autres voies qui ne vous donneront de toute manière que des résultats bien moins reluisants. Stormbringer reste cependant une expérience intéressante pour quiconque connaît un peu l’univers de Moorcock, car les possibilités qu’offre le Multivers sont pratiquement infinies. La seule limite à Stormbringer est celle de votre propre imagination.
Sources
- Cycle d’Elrik de Michaël Moorcock
- Faéries spécial Moorcock
- Guide du rôliste galactique
- Livre de base de Stormbringer
- Scénariothèque
- Wikipédia
2 commentaires
Elric – l’Intégrale I - Geek-It · 8 juillet 2022 à 14 h 50 min
[…] jeux de rôle sont dérivés de cette saga : Stormbringer (1981) et Elric ! (1993) édités par Chaosium, Elric de Melniboné (2007) par Mongoose Publishing […]
Chaosium et Basis Role-Playing - Geek-It · 13 mai 2018 à 18 h 56 min
[…] Harry Potter JDR, Hawkmoon, Nephilim, King Arthur Pendragon, Prince Valiant, Ringworld, RuneQuest, Stormbringer, Superworld, Thieves’ World, Worlds of […]