L’adaptation des aventures de Tobie Lolness vous emmènera à la découverte du grand chêne dans lequel vit Tobie, qui mesure un millimètre et demi. Mais ce monde est menacé par la cupidité du promoteur Jo Mitch. Pour protéger le secret de l’invention de son père, convoitée par Jo Mitch, Tobie va devoir fuir, se montrer rusé, et se trouver des alliés.

Fiche technique
- Titre original : Tobie Lolness
- Pays d’origine : France
- Première diffusion : 2023
- D’après les livres : Tobie Lolness (série en 2 tomes), de Timothée de Fombelle
- Genre : Aventure, Fantasy, Fable écologiste
- Réalisation : Camille-Elvis Théry et Florian Thouret
- Productrice : Delphine Maury
- Univers graphique : Kerascoët
- Musiques : Mathieu Lamboley
- Production : Tant mieux prod
- Nombre de saisons : 1
- Nombre d’épisodes : 13 épisodes de 52 minutes, ou 26 épisodes de 26 minutes
- Âge recommandé : 6+
- Etat : Série terminée
A quoi s'attendre
Imaginez un arbre, un grand chêne.
Et dans ce chêne vit un peuple, un monde entier dont les habitants sont si petits qu’on ne les voit pas, même en s’approchant. Tobie, onze ans, mesure un millimètre et demi, et il vit dans cet arbre.
Le père de Tobie est le plus grand savant de tout l’Arbre. En étudiant la sève, il a fait une découverte formidable : cette sève, qu’il sait être le sang de l’Arbre, a pu donner vie à un jouet qu’il a conçu pour son fils. Cette invention pourrait améliorer la vie des gens, mais Sim devine que, s’il partageait sa découverte, la sève de l’Arbre serait exploitée jusqu’à épuisement. Et cela, c’est un risque que le savant refuse de prendre.

Malheureusement, un jour, l’affreux Jo Mitch apprend l’existence de l’invention fabuleuse et décide de se l’approprier, montant tout le peuple de l’Arbre contre Sim. La famille Lolness se verra exilée, puis les parents arrêtés, tout cela parce qu’ils refusent de livrer le secret de l’invention. Tobie échappera de justesse à l’emprisonnement et devra fuir, emportant avec lui une pièce maîtresse de l’invention de son père.
Commencera alors la grande aventure de ce jeune garçon, bien décidé à protéger l’Arbre de la cupidité de Jo Mitch. Traqué par tout son peuple, il devra se montrer rusé, apprendre autant que possible, et se trouver des alliés pour l’aider dans sa résistance.

Le chêne, le monde de Tobie
Lorsqu’on mesure un millimètre et demi, un chêne de 30 mètres de haut devient tout un monde. Et un monde qui plus est vivant, qui doit être préservé, ainsi que ne cesseront de le clamer les membres de la famille Lolness. La série Tobie Lolness pose ainsi le problème de l’écologie à hauteur d’enfant, en le ramenant à une dimension plus facile à appréhender pour les plus jeunes, tout en étant facilement transposable à notre monde actuel. Véritable déclaration d’amour à la nature et au monde qui nous abrite, Tobie Lolness montre l’importance de préserver les ressources naturelles et les conséquences néfastes de leur surexploitation.

Et pour cela, la production s’est donné les moyens de faire du chêne un décor vivant et majestueux, quitte à bousculer les manières de faire habituelles de la télévision européenne. Pour citer la productrice Delphine Maury : « Nous allons contre tous les principes qui fondent l’économie d’une série : les personnages vieillissent, les saisons passent… Les seuls à faire cela, ce sont les Japonais ! ». Pour donner vie à l’Arbre, près de 7’000 décors ont ainsi été utilisés, montrant les différents endroits de l’arbre au cours des quatre saisons. Un investissement qui s’est avéré payant car le rendu est tout simplement magique, transportant réellement le spectateur au coeur d’un chêne et de tout le petit monde qu’il abrite.

Intrigues multiples
Si le chêne et sa préservation restent le véritable coeur de la série, Tobie Lolness ne se prive pas de tisser de nombreuses autres intrigues tout autour, tel un véritable écosystème. Ainsi, un second thème important abordé dans Tobie Lolness est le racisme, illustré par la manière dont sont traités les « Pelés » par le peuple de l’Arbre. Jo Mitch n’hésitera pas à jouer sur la peur de l’autre et à dépeindre le Peuple des Herbes en véritables sauvages, les utilisant tels des Croque-mitaines pour asseoir sa mainmise sur ses concitoyens par la terreur et justifiant au passage de les utiliser comme esclaves. Un thème très dur, mais abordé avec une justesse et un soin du détail qu’on ne peut qu’apprécier.
En plus ce cela, la série n’hésite pas à mettre en scène toute la palette des émotions et des travers humains, tels la peur de décevoir sa famille, l’amitié, l’ambition ou le harcèlement (à ce sujet, coup de chapeau personnel à Timothée de Fombelle pour l’utilisation de l’expression « Tête de Truc », qui montre bien la dépersonnalisation de la victime).
Soutenant tout cela, une galerie de plus de 140 personnages, dont 70 ont la parole, se succèdent à l’écran. Si Tobie, héros éponyme de la série, est souvent au centre, il partage ses exploits avec toute un groupe de personnages très bien écrits dont plusieurs méritent également le statut de protagonistes, tels Elisha Lee, Sim et Maïa Lolness, ou Nils Amen. Quant à l’antagoniste Léo Blue, qui est loin d’être manichéen, il est celui qui évoluera le plus au cours de la série, et une évolution extrêmement bien menée qui montre le ravages de la haine et du mensonge.

Si l’évolution des personnages et les thèmes abordés sont si bien présentés, c’est en partie parce que la série s’en est donné le temps, avec son format peu conventionnel de 26 épisodes de 26 minutes – au lieu des 7 à 12 minutes qu’on voyait jusque-là dans le paysage télévisuel français. Un format qui s’est pourtant imposé dès le départ, selon la productrice « (…) pour avoir aimé Tobie Lolness, il n’était pas question de proposer un long-métrage où j’aurais dû couper les ailes de huit intrigues sur dix ».
Les Amis de Tobie, ou comment rester cohérent jusque dans ses valeurs
En accord avec les valeurs véhiculés par la série, la production a décidé pratiquement dès le départ qu’il n’y aurait pas de produits dérivés de la série. A la place, ils proposent de planter des arbres au niveau national.
Ils ont donc crée le site « Les amis de Tobie« , qui regroupe plusieurs organisations et programmes qui s’occupent, entre autre, de reforestation et de créer de nouvelles forêts. Le site permet ainsi aux gens de trouver plus facilement comment passer à l’action près de chez eux.
Petits plus
– Les personnages étant peu décrits physiquement dans les romans, certains choix ont mené à de longs débats dans l’équipe de production. Dans le cas de Tobie, toutefois, le choix de la blondeur pour ses cheveux vient d’une contrainte technique : dans un univers fait de verts, de bruns et d’ombre, cette couleur lui permettait de mieux se détacher du décors.
– La voix-off de la série correspond au narrateur des romans jusque dans son texte : en effet, l’adaptation a conservé autant que possible le texte original du narrateur, ne le modifiant que lorsque c’était absolument nécessaire.
Avis de la Rédac'
Mikaua – J’ai vu les romans de Tobie Lolness être souvent empruntés, quand j’étais encore apprentie, mais je ne les avais jamais lus moi-même – tellement de choses à lire et si peu d’heures dans une journée… Tomber sur l’adaptation en série animée a donc été une complète découverte de cet univers pour moi. Et quelle découverte ! J’ai été aussitôt happée par le graphisme et les décors époustouflants : les forêts de lichens, les vallons d’écorce, les feuilles comme ciel… j’ai redécouvert l’écosystème du chêne comme si je n’en avais jamais vu un seul de ma vie, et j’en voulais toujours plus.

Les musiques sont loin d’être en reste, soutenant l’action et soulignant les émotions juste ce qu’il faut. Les personnages sont vivants, très bien campés, et évoluent au fil de la série ; on les déteste ou on s’attache, mais en tout cas, on ne reste pas indifférent. Chapeau bas au personnage de Léo, qui incarne l’une des plus belles et réalistes évolutions de personnage que j’aie vue en série jeunesse à ce jour. Quant à l’intrigue, ou plutôt les intrigues… moi qui n’aime rien tant qu’une bonne histoire, j’ai été servie : impossible de décrocher avant le dernier épisode tellement c’était passionnant et bien raconté. Côté thèmes, la série est certes adaptée aux plus jeunes, mais elle ne se prive pas pour autant d’aborder des sujets durs, comme le racisme et le harcèlement, ou compliqués, comme la préservation des ressources naturelles et l’écologie. Loin de prendre les enfants pour plus bêtes qu’ils ne sont, elle aborde ces thèmes avec justesse et humanité, et c’est un plaisir à découvrir ! A l’heure du « tout, tout de suite », voir une série qui prend le temps de poser ses intrigues et de les développer, qui laisse de la place pour qu’on voie les personnages se confronter et évoluer, c’est une bouffée d’air frais que j’aimerais voir plus souvent ! Mes compliments à la productrice Delphine Maury et à toute son équipe pour avoir fait le pari de ce format inhabituel. Le résultat est à la hauteur du risque ! Ayant lu les romans après avoir vu la série, je peux dire que oui, il a fallu faire des modifications : les romans se passent sur dix ans, la série sur cinq ; il a fallu réécrire la série chronologiquement pour que les plus jeunes ne soient pas complètement perdus alors que les romans sont bourrés de flash-back, etc. Mais loin de dénaturer l’oeuvre originale, ces changements font de la série Tobie Lolness bien plus qu’une simple transposition, mais bel et bien une oeuvre à part entière. J’ai vraiment adoré cette série et j’espère sincèrement une sortie en DVD (alleeeez, Tant mieux Prod, ça compte pas comme produit dérivé !) ou qu’elle repassera souvent à la télévision, que je puisse la faire voir à tous ceux que je connais (la série est disponible sur France TV, mais avec le géoblocage c’est un peu compliqué depuis la Suisse). Tobie Lolness est une perle, à voir absolument !
Keul : Si Mikaua n’avais pas été là, je suis certain que je serais passé à côté de cette série sans jamais en entendre parler. Et pour cause, je n’ai jamais vu de publicité la concernant, ni de présentation ailleurs que lorsque la chaîne RTS a annoncé que la série serait diffusée. Et c’est assez difficile à comprendre vu la qualité de cette dernière. Comment une série si belle et qui traite de sujets qui sont autant d’actualité a pu passer sous les radars à ce point, je ne l’explique pas. Mais j’espère que grâce à cet article, vous aurez envie de découvrir ce petit chef d’œuvre s’inspirant de ce qui se fait de mieux au Pays du Soleil Levant pour proposer une série d’animation bien de chez nous mais avec un petit feeling Studio Ghibli des plus agréable. Tout fonctionne dans cette série, depuis la mise en scène, qui prend le temps de nous présenter l’univers du grand Chêne, au développement des personnages et de leurs relations, en passant par la musique qui est juste magnifique et qui vous mettra dans l’ambiance, portant l’œuvre d’un bout à l’autre. Le format choisi pour les épisodes est juste parfait, même s’il bousculera un peu les habitués des épisodes classiques de 23 minutes. Mais vous n’aurez que peu le temps de le remarquer tant vous serez absorbés par l’histoire. Pour ma part, j’ai regardé la série en trois jours, ce qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps. Un plaisir à partager avec toute la famille, des plus petits au plus grands.
Sources
– La série elle-même
– Le site de la maison de production
– « Tobie Lolness », les coulisses d’une série animée « hors normes », article paru sur le site du CNC, le 21 décembre 2023
– Tobie Lolness : du roman à l’écran, article paru dans la « Revue des livres pour enfants » n°320 (2021), pp. 166-171
– Timothée de Fombelle : « Tobie Lolness est la preuve qu’une adaptation est une création », article paru sur le site de France Télévisions, 16 janvier 2024
– Pour certaines images : Annecy 2023 – Dans les coulisses de Tobie Lolness
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