Lorsque Monolith Soft a annoncé qu’elle allait développer un J-RPG, l’annonce a fait l’effet d’une bombe dans le monde vidéo-ludique. Il faut dire que les membres qui composent l’équipe de développement avaient déjà fait leurs preuves, puisque la boîte a été créée par d’anciens membres de Square Enix. Ceux-ci avaient entre autres développé les fameux Chrono Cross et Xenogears, donc autant dire que le titre avait de quoi laisser rêver. Ajoutez à cela que les développeurs japonais avaient à leur actif des titres tels que Xenosaga et Baten Kaitos, et certains n’hésitèrent pas à annoncer la venue du Messie avant même qu’une date de sortie ne soit annoncée. Alors Xenoblade Chronicles a-t-il rempli les attentes des joueurs ? Nous allons tenter d’y répondre dans cet article qui traitera de sa version Wii.
Informations techniques
Comme toujours, voici quelques petites informations techniques sur le jeu :
- Nom: Xenoblade Chronicles
- Éditeur : Nintendo
- Développeur : Monolith Soft et Nintendo SPD
- Concepteurs : Tetsuya Takahashi ; Koh Kojima ; Genki Yokota
- Musiques : Yoko Shimomura, Manami Kiyota, ACE+
- Console : Wii
- Date de sortie : octobre 2010 (Japon) ; août 2011 (Europe)
- Genre : RPG
- Mode de jeu : Un joueur
- Classification : +12 ans
Du Japon à l’Europe, en passant par l’Opération Rainfall
Avant de parler du jeu en lui-même, il est important de dire que, sans la participation active des fans du genre, ce jeu n’aurait jamais eu la chance d’arriver chez nous, pour la simple et bonne raison que Nintendo ne pensait pas que celui-ci serait suffisamment rentable. Exit les cases Europe et Etats-Unis et bonjour l’exclusivité japonaise donc. Mais tout ceci était sans compter sur la ténacité des fans, qui se lancèrent dans une vaste opération qu’ils nommèrent l’Opération Rainfall, visant à pousser Nintendo of America à adapter trois jeux – Xenoblade Chronicles, Last Story et Pandora’s Tower – pour des consoles non-japonaises. Cette opération, également connue sous l’abréviation Opra, fut l’un des plus grands succès des fans de RPG puisqu’ils obtinrent gain de cause auprès de Nintendo.
L’univers et histoire
Au commencement n’était qu’un océan infini sur lequel s’affrontait deux titans du nom de Bionis et Mekonis. Leur combat, qui durait depuis des siècles, voire même des millénaires, semblait parti pour être éternel. Mais finalement, à bout de force, les deux colosses s’entretuèrent, restant figés dans la position de leur agonie, liés ensemble par leurs épées. Le temps passant, la vie s’est développée sur Bionis et sur Mékonis, même si les formes de vie qui peuplent chacun des géants sont très différentes les unes des autres. Bionis a vu l’apparition d’Homz, alors que Mékonis a été peuplée par les Mékons, des créatures robotiques qui semblent vouer une haine farouche aux Homz. Alors que la guerre fait rage entre les Homz et les Mékons, Dunban, un combattant doté d’une épée particulière du nom de Monado, met un terme à l’affrontement entre les deux armées en repoussant les Mékons sur Mekonis. Cette bataille le privera de l’usage du bras qui manie la fameuse épée. Une année après cet affrontement, Shulk, un jeune ferrailleur de l’une des colonies de Bionis, entre en contact avec Monado, ce qui changera profondément sa vie et celle des personnes qui lui sont proches, car l’épée semble capable de prédire le futur et permet à son porteur, non seulement de s’opposer à ses visions en changeant l’issue de celles-ci, mais aussi de détruire les Mekons, qui semblent résistants à toutes les armes crées jusqu’alors par les Homz.
Xenoblade Chronicles vous fera donc évoluer sur Bionis, le géant terrassé des années auparavant. Vous serez amenés à vous déplacer sur cette créature titanesque, de ses pieds à sa tête, en passant par le torse, le dos, voir même l’intérieur du géant. Chaque partie du corps de Bionis est composée d’une faune et d’une flore particulière et le tout est tout simplement gigantesque, sans parler des incursions sur Mékonis qui rendent encore l’univers plus vaste.
Système de jeu
Comme vous l’aurez certainement compris, l’histoire et le système de jeu s’axeront autour de la Monado et de ses pouvoirs particuliers. Comme de nombreux autres jeux du genre, Xenoblade intègre les nouvelles règles de combat au fur et à mesure de l’aventure sous la forme de petits tutoriels, mais vous remarquerez rapidement que le jeu est plus complexe qu’il n’y paraît. Après plusieurs dizaines d’heures de jeu et alors que d’autres jeux commenceraient à tendre à leur fin, vous en serez encore à découvrir l’univers et certains pouvoirs cachés de Monado.
Les compétences des personnages, qui se nomment Arts dans le jeu, permettent d’effectuer de puissantes attaques aux effets secondaires particuliers. Ainsi certaines attaques sont capables de paralyser ou d’étourdir la cible, et le type d’Arts employé est indiqué par des codes couleur qui se réfèrent le plus souvent aux effets secondaires qu’elles sont capables de déclencher. Ces codes couleur revêtiront une importance capitale pour la suite, puisqu’ils permettront d’associer les Arts de vos alliés avec les vôtres dans des séries d’attaques dévastatrices, et qui pourront déclencher des cascades d’effets secondaires désagréables pour vos ennemis. Ces effets secondaires sont bien entendus cumulables et, parfois, un certain effet doit être effectif pour que l’autre fonctionne : déséquilibrer un adversaire avant de le faire chuter par exemple.
A ces Arts s’ajoutent également certaines compétences passives qui peuvent monter les caractéristiques de vos alliés ou leur donner accès à certaines catégories d’équipement. Pour les activer, vous pouvez simplement monter le niveau de votre personnage, mais il existe un autre moyen bien plus efficace. Il s’agit des liens d’amitié entre personnages qui se développent lors de l’histoire en discutant avec eux, en aidant certaines personnes, en offrant des cadeaux ou en réalisant certaines quêtes secondaires. Ces quêtes secondaires peuvent parfois composer une série de quêtes en rapport avec un personnage et vous demanderont plusieurs heures d’investissement pour être menées à bien. Plus votre niveau d’amitié est élevé et plus vous pourrez partager de compétences passives entre vos personnages. Comprenez par là que vous êtes capable d’employer les compétences d’un personnage sur un autre simplement en montant l’amitié avec lui.
Cette amitié joue également un rôle important quand il s’agit d’effectuer des combos. Ces combats seront d’autant plus longs que l’amitié sera développée et la jauge pour les actions combinée se remplira également plus vite entre deux personnages qui s’apprécient.
Le jeu a été développé de manière à faciliter le gameplay et ne pas freiner le joueur. Les points de vie se régénèrent entre chaque combat et la sauvegarde est autorisée à tout moment. Les déplacements sont facilités par un système de téléporteur qui, une fois un monolithe découvert dans une zone, permet de l’utiliser comme point de repère. De plus, le joueur a la possibilité de modifier l’heure à tout moment, ce qui lui permettra d’effectuer certaines quêtes particulières sans devoir patienter de nombreuses minutes pour laisser le temps s’écouler. Finalement, en cas de mort de l’équipe, celle-ci se retrouve au dernier check-point sans malus.
Combat contre les Boss et autres créatures puissantes
Les combats contre les Boss et contre d’autres créatures très puissantes sont différents des combats classiques, car il est bien souvent nécessaire d’adopter une technique particulière pour en venir à bout. Il ne sert alors à rien de foncer dans le tas sans réfléchir, car cela se soldera presque inévitablement par une mort rapide et douloureuse ajoutée à une humiliation cuisante. Il est donc important de posséder les bons Arts, qui se cumulent correctement avec ceux de vos coéquipiers, afin d’espérer survivre. Un bon niveau d’amitié avec vos compagnons est également fortement recommandé. Même avec tous ces éléments, vous n’êtes pas sûr de vous en sortir. Périodiquement, une petite cinématique peut s’enclencher, vous montrant le futur grâce aux capacités de Monado. Ces visions n’ont généralement rien de très agréable puisqu’elles montrent la mort plus ou moins violente de l’un de vos compagnons. Elles vous permettront néanmoins d’intervenir avec un Art ou grâce au bouclier de Monado afin d’éviter le pire. Ajoutant un peu de piquant et de tension au combat, ces actions permettent également aux boss de retourner la situation à leur avantage alors qu’il ne leur reste parfois que quelques points de vie avant de passer de vie à trépas.
Quêtes annexes et encyclopédie
Le nombre de quêtes annexes qu’il est possible de réaliser dans Xenoblade a de quoi donner le tournis. Pour peu que vous vous intéressiez aux interactions avec les villages alentours et les habitants qui y vivent, et vous découvrirez alors que l’univers est riche et développé de telle manière à ce que des milliers d’interactions entre les PNJ existent, et que tout est lié avec un souci du détail impressionnant. Le tout augmente l’immersion du joueur et vous passez des heures à explorer des zones inédites pour le simple plaisir de découvrir de nouveaux lieux et de nouveaux monstres à affronter. Ajoutons à cela une encyclopédie qui récence tous les objets, insectes, plantes et autres objets récoltables dans chaque zone en vous récompensant quand certaines catégories sont complètes, et vous ne pouvez qu’encourager les joueurs à dévier de la quête principale.
Dans un second temps, un sociogramme qui détaille les relations entre les PNJ se développera au fur et a mesure de l’avancée de vos quêtes annexes. Très vaste, il vous faudra de nombreuses heures pour le remplir au maximum et découvrir tous les secrets du jeu.
Graphismes et musiques
Dire que les graphismes sont beaux serait être en deçà de la vérité car le jeu pousse la console dans ses derniers retranchements, maquant de peu de la faire implorer que cesse le martyr de son processeur. Le monde est vaste, infiniment vaste quand on commence à traiter les centaines de quêtes secondaires qui vous feront découvrir des paysages à couper le souffle. Alors, certes, tout n’est pas parfait. Les environnements manquent un peu de finesse, mais ils ont le mérite de s’étendre à perte de vue. Les transitions d’une zone à l’autre se font sans chargement, ce qui représente un exploit non négligeable pour la Wii. A cela vient s’ajouter une bande-son exceptionnelle, mais là encore, rien d’étonnant au vu des personnes qui ont participé à l’élaboration de celle-ci. On pourra citer Yoko Shimomura, qui a développé les musiques de Kingdom Hearts, le groupe ACE+, Manami Kiyota, et la participation pour une chanson de Yasunori Mitsuda, qui a travaillé sur Chrono Cross. Que du beau monde pour, au final, aboutir à un travail soigné qui colle parfaitement à l’univers.
Monado et Modadologie
L’épée centrale du jeu, la Monado, ne porte pas son nom par hasard. Monado est tiré du concept métaphysique de Monade, qui fait référence à une philosophie particulière qui retrouve de nombreux échos dans Xenoblade. La Monade est un substance simple douée de désir et de perception. Sa structure est composée d’un principe actif, qui peut être nommée « âme », et d’un principe passif, qui peut être nommé « masse ». En fonction de leur perfection, les Monades peuvent être classées en minéraux-végétaux, puis viennent les animaux-machines, les humains, les anges et finalement Dieu. Dieu est d’ailleurs la Monade des Monades, soit un être composé de tous les êtres. Dans Xenoblade, on remarque bien l’application de ces éléments, Bionis représentant le Dieu, et les Homz les monades de ce Dieu. Toute créature vivant ou mourant le fait car Bionis le décide et retourne à Bionis. Il est cependant un élément qui permet de contrer cet élément, et c’est l’épée Monado. Monado permet de tuer des créatures indestructibles, comme les Mékons. En y regardant de plus près, on remarque que la marque sur la première Monade n’est autre que le signe japonais pour machine. L’épée permet donc de tuer ce genre de créatures, qui forment le premier stade des Monades. En évoluant, le signe de l’épée change. Ainsi Monado II se voit attribuer le signe des Hommes. Elle permettra donc de tuer ces êtres. Finalement, dans sa dernière évolution, Monado III reprend le signe de Dieu, ce qui signifie qu’elle deviendra capable de tuer Dieu lui-même. Monado permet de s’opposer à Dieu, de passer de simple élément d’un tout à quelque chose de plus grand, de s’extirper de son destin et de se forger un avenir basé sur ses choix et non sur les choix d’un autre.
Conclusion et avis personnel
Presque tout a été dit durant le développement de cet article, mais nous pouvons encore ajouter quelques points intéressants qui permettent de mieux appréhender ce jeu. Non content d’offrir une durée de vie impressionnante quand on suit l’aventure principale, Xenoblade nous propose de découvrir des lieux, de collectionner des objets, de développer les relations entre tous les membres de son équipe et de remplir des centaines de quêtes annexes. Tout cela réuni nous donne une durée de vie finale tout bonnement colossale. J’ai personnellement terminé ce jeu à 100%, et je dois dire que j’ai bien dû dépasser les 200 heures de jeu sans jamais regretter une seule seconde mon achat. La bande-son est exceptionnelle et la musique du boss de fin reste de loin l’une des plus épique qu’il m’ait été donné d’entendre. Collant parfaitement au combat, elle permet d’apprécier toute la puissance et la démesure de celui-ci. Les thèmes abordés dans ce jeu sont également très intéressants. L’émancipation de l’humanité par rapport au concept de Dieu via la Monado, la lutte contre le destin et un futur prédéfini, le choix de la liberté envers et contre tout, et j’en passe, sont tous intégrés de manière à ne pas assommer le joueur de théories trop complexes. En réalité, il est plus que probable que certaines des thématiques passent inaperçues jusqu’à ce que quelqu’un vous les pointe du doigt tant elles s’intègrent parfaitement à l’histoire. Finalement, le fait de pouvoir évoluer dans un monde gigantesque sans être freiné par des chargements aussi longs que pénibles rend l’expérience jouissive. Alors tout n’est pas parfait, loin de là. Certaines textures apparaissent quelque peu incomplètes à certains moment, comme la pluie de certaines zones par exemple. Les graphismes sont beaux mais pas irréprochables non plus, et certains combats se terminent un peu trop facilement à mon goût. Vous l’aurez néanmoins compris, il ne s’agit que de petits détails qui n’enlèvent rien à l’expérience en général. En conclusion, je dirais que tous les fans du genre se doivent de tester ce jeu au moins une fois dans leur vie, ne serait-ce que pour prouver à Nintendo que oui, nous autres européens, sommes également capables d’apprécier des jeux aux profondeurs philosophiques tels que le sont Xenoblade Chronicles, Last Story et Pandora’s Tower.
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