Maboroshi nous fait suivre Masamune, un jeune garçon qui voit sa vie changée à jamais à la suite d’un accident qui figera sa ville dans l’espace et le temps.
Le scénario de Maboroshi s’inspire de celui du roman « Alice au pays des merveilles », de Lewis Carroll, et de « Ceux qui partent d’Omelas », d’Ursula K. Le Guin.
Informations techniques

- Titre original : アリスとテレスのまぼろし工場 – Arisu to Teresu no maboroshi kōjō
- Titre français : Maboroshi
- Date de sortie : 2023
- Producteur : Mari Okada
- Scénariste : Mari Okada
- Musiques : Masaru Yokoyama
- Studios d’animation : Bushiroad, Cygames, Dentsu, Kadokawa Corporation, Lawson Group, Legs, Mainichi Newspapers, MAPPA, Movic, Nature Lab., Warner Bros. Pictures Japan
- Genre : Animation, drame, romance, fantastique
- Origine : Japon
- Durée : 111 minutes
L’histoire en quelques mots

Alors qu’il vit une vie de collégien des plus banales, alternant les cours avec le temps passé avec ses amis, Masamune Kikuiri et ces derniers sont témoins de l’explosion de l’usine de la ville. Mais alors que l’incendie ravage cette dernière, le ciel commence à se fissurer, de gigantesques craquelures bleutées le traversant de part en part. Pensant que leur dernière heure est arrivée, les habitants de Mifuse sont cependant sauvés par les fumées de l’incendie de l’aciérie, qui prennent la forme de gigantesques gueules de loup se jetant sur les fissures pour les refermer.
Mais même si en apparence tout est rentré dans l’ordre, il n’en est rien en réalité, Mifuse étant désormais figée dans le temps et l’espace, ses habitants ayant cessés de vieillir et ne pouvant plus quitter la ville.
Sans possibilité de quitter leur ville, condamnés à vivre à l’âge qu’ils avaient lors de l’incident, Masamune et ses amis tentent de combler le vide de leurs existences comme ils peuvent jusqu’au jour où ils rencontreront une enfant sauvage qui semble capable de vieillir.
Ce qui nous rend vivant

Tout le film tourne autour de ce qui définit la notion « d’être vivant ». Bloqués dans la ville de Mifuse, incapable d’en sortir ou d’obtenir des nouvelles de l’extérieur, condamnés à rester à l’âge qu’ils avaient lors de l’incident, les habitants cessent petit à petit d’évoluer, stagnant comme le temps qui s’est figé.
Pour se sentir vivants, Masamune et ses amis jouent à des jeux dangereux, qui mettent leur vie en danger simplement pour ressentir la douleur ou le frisson du danger et sortir de la routine de leur vie.
Cette situation est également renforcée par le fait qu’une religion s’est créée autour de la fumée, qui serait l’incarnation des dieux visant à protéger Mifuse de la malédiction des fissures et obligeant les habitants à ne pas changer au risque de ne pouvoir retourner à la réalité. Ces derniers doivent tenir un journal à jour, notant les éventuels changements constatés chez eux et devant y remédier le cas échéant.
Tous ces éléments provoquent une sorte de sérénité feinte, chacun reproduisant les mêmes actions jour après jour et faisant tout pour ne pas changer, ne pas évoluer.
Mais comme Masamune le remarquera au fil de l’œuvre, tout faire pour ne pas changer l’empêche de se sentir vivant. Ce n’est que quand il tombera amoureux et qu’il manquera de tout perdre qu’il commencera à réellement se sentir en vie.
Bande annonce
Avis de la Rédac'
Keul : Maboroshi est un film qui me faisait de l’œil depuis quelques temps et pour lequel j’avais entendu pas mal d’échos négatifs du genre « trop complexe », « incompréhensible », « trop fleur bleue »…etc. Et comme toujours, plus j’en entendais du mal et plus ça me donnait envie de me faire ma propre opinion. Alors qu’en est-il de ce film ? Commençons par ce qui est évident et qui vous frappera dès les premières secondes : l’animation. L’animation est simplement magnifique, dynamique et pleine de détails qui en font un petit bijou, mais cela n’a rien de vraiment étonnant quand on sait que le Studio MAPPA est aux commandes. Les musiques sont également magnifiques et collent à merveille à l’univers fantastiques qu’on nous propose.
Côté scénario, après tout le mal que j’en avais entendu, je dois dire que je suis à l’exact opposé de ce qu’on m’en avait dit. On nous propose ici un monde figé dans l’espace et le temps, où rien n’évolue, du moins en apparence. Les enfants n’en sont plus vraiment depuis longtemps mais sont contraints de rester « à leur place » pour ne pas froisser les dieux qui referment les failles. Le rythme débute de manière très calme avec une accélération du rythme au fur et à mesure que le monde de Masamune s’effondre autour de lui et où la vérité sur la nature des fissures et des fumées sont révélées.

Je comprends toutefois pourquoi certains ont détesté le scénario car on est lancé dans l’histoire sans trop d’explications. Au départ, on est assez perdu et ce n’est qu’à travers quelques phrases qu’on comprend réellement ce qu’il s’est passé. De même, on découvre une bonne partie de l’histoire et de l’univers en même temps que les personnages, laissant le spectateur faire les liens lui-même. Mais pour une fois qu’on ne prend pas le spectateur pour un idiot en lui expliquant tout, via des dialogues interminables, c’est très agréable et plutôt positif selon moi. Mention spéciale au climax du film qui déborde d’émotion et de tension, exactement ce qu’on attendait.
Outre le fil rouge proposé par le film et tournant autour du fait d’être vivant dans un monde figé, Maboroshi propose également une approche du premier amour entre Masamune et son amie Mutsumi, premier amour qui n’a rien de « fleur bleue » comme j’ai pu le lire à de nombreuses reprises. Il s’agit plutôt d’un amour tourmenté entre les obligations de ne pas changer, l’incompréhension de l’autre, les sentiments refoulés et la douleur que cela provoque. C’est très bien amené selon moi et parfaitement raccord avec l’univers qu’on nous présente. De plus, cela s’intègre parfaitement avec le fil rouge de l’histoire.
Si vous hésitez encore à vous lancer dans Maboroshi, lancez-vous, vous n’allez pas être déçus.
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