Dans un futur proche, l’humanité est frappée d’un mal inconnu qui fait que chacun passe en moyenne vingt heures dans les bras de Morphée… Et dans ce nouvel univers, Pascal Frimousse est devenu expert dans l’art de faire perdre le peu de temps qu’il leur reste aux ennemis de ses clients.

Couverture du roman les bras de Morphée

Fiche technique

  • Auteur : Yann Bécu
  • Titre : Les bras de Morphée
  • Genre : Science-fiction
  • Editeur : L’Homme sans nom
  • Nombre de pages: 289
  • Année de parution : 2018
  • Niveau : Lecteur moyen

Bibliochimie

Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédient ?

– Un protagoniste qui est tout sauf doué en tout

– Une contrainte de temps intéressante

– Une bonne dose d’autodérision

A quoi s'attendre ?

En 2050, un mal étrange frappe soudain l’humanité. Petit à petit, les gens se sont mis à dormir toujours plus, jusqu’à ce que la moyenne mondiale tourne autour de 4 heures d’éveil. Et on ne s’endort plus graduellement, mais d’un seul coup et à heure fixe. Au point de risquer la commotion cérébrale si on a le malheur d’être debout à l’heure dite.

Pragues, 2070. Les humains ont eu vingt ans pour réorganiser leur vie. Codes sociaux, études, droits et devoirs des citoyens, tout a été recalibré autour de la nouvelle manière de dormir. Pascal Frimousse, professeur de français, a vu son métier bien évoluer. Pas question de mettre l’intégrale des Rougon-Macquart au programme quand prendre le temps de lire des Yakari est déjà considéré comme un luxe.

Mais Frimousse fait partie des chanceux : il a droit à 12 heures d’éveil, le triple de la moyenne. Alors, il a trouvé moyen d’utiliser son temps libre pour arrondir les fins de mois. Contre rémunération, il va troller la personne désignée et lui fera perdre de ce temps si précieux à tous !

Or, notre troll professionnel va se faire charger d’une mission originale qui sort de ses habitudes. Avec une rémunération aussi conséquente, il y a forcément anguille sous roche… mais que ne ferait-il pas pour une si belle somme !

Quand le temps devient la ressource la plus précieuse

De nos jours déjà, nous sommes nombreux à rêver avoir plus de temps à disposition, que ce soit pour ses loisirs ou pour son travail. La moyenne actuelle tourne autour de 8 heures de sommeil, donc 16 heures d’éveil. Dans les bras de Morphée, l’humanité perd les trois-quarts de ce temps !

En plus de l’intérêt qu’il y a à découvrir quelles adaptations l’auteur a imaginées pour permettre à la société de survivre à cet énorme changement, ou qu’est-ce qui risquerait de disparaître faute de temps pour l’entretenir, le roman pose mine de rien une importe question : si cela nous arrivait à nous ? Qu’est-ce qu’on abandonnerait ? Où est-ce qu’on gratterait quelques minutes pour pouvoir garder tel hobby ou tel petit plaisir ? Autant de questions intéressantes à se poser, même sans la menace de Morphée au-dessus de la tête.

Avis de la Rédac'

Mikaua : Le résumé du roman Les bras de Morphée, dénichée sur le site de l’éditeur, m’a intriguée. Plus que le côté troll professionnel du protagoniste, l’idée d’une humanité dormant en moyenne un vingt heures par jour a titillé mon imaginaire. Avec nos seize heures d’éveil actuelles, on court déjà tous partout ; alors avec à peine quatre à disposition ?! J’avais envie de découvrir l’univers que l’auteur aurait à proposer. J’ai bien aimé les idées qu’il a eues, et tout particulièrement dans la manière de parler : plus le temps pour les ronds de jambe ou les digressions, il est désormais normal de couper la parole à son vis-à-vis s’il s’égare, et ceux qui ont le moins de temps à disposition ont carrément renoncé aux phrases complètes pour ne plus s’exprimer par mots-clés. C’était bien vu ! Côté style, le roman ne se prend pas au sérieux et le ton est très vite donné au début du roman, lorsque Frimousse se rend compte à la fin d’une réunion avec un parent d’élèves qu’il a confondu le cancre de service avec l’un de ses bons élèves et qu’il a du coup parlé du mauvais gamin au père pendant toute la séance… Entre vieil humour francophone – « la main droite, c’est facile de la reconnaître, c’est celle qui a le pouce à gauche », mon père me la faisait déjà y’a vingt ans – et franche déconnade (je ne suis toujours pas remise des licornes carnivores…), attendez-vous à tout côté personnages ; peut-être l’auteur en avait-il marre des protagonistes qui s’avèrent doués en tout, car ce brave Frimousse va tomber dans pratiquement tous les pièges qu’on lui tend, au point que ça en devient lassant à la fin. Quelques personnages hauts en couleur l’encadrent, mais globalement, j’avoue avoir été un peu déçue. Pareil côté scénario, les tribulations de Frimousse ressemblent un peu à une version comique d’un polar. Je ne m’attendais pas à un récit qui donne autant dans l’auto-dérision et qui n’utilise finalement Morphée que pour sa construction d’univers et pas dans l’intrigue. J’avoue du coup avoir été déçue à la lecture, bien qu’on n’ait pas pour autant affaire à un mauvais roman. A réserver à ceux qui veulent lire sans se prendre la tête et qui n’ont rien contre l’humour décalé.

Sources

– Le livre lui-même

– Le site de l’éditeur