Journal d’un AssaSynth est une série de romans courts et d’un roman qui suivent le parcours d’une unité de sécurité synthétique, mi-humaine, mi-robot, qui s’est libérée du module la contrôlant et qui va lentement faire l’expérience du libre arbitre et des échanges avec les autres, le tout avec une bonne dose d’autodérision et de lassitude.

Couverture du tome 1 de Journal d'un AssaSynth
Couverture du tome 1

Fiche technique

  • Auteur : Martha Wells
  • Titre de la série : Journal d’un AssaSynth
  • Titre original de la série : The Murderbot diaries
  • Titres des volumes / Titres originaux des volumes :
    • Défaillances système / All system red
    • Schémas artificiels / Artificial condition
    • Cheval de Troie / Rogue protocol
    • Stratégie de sortie / Exit strategy
    • Effet de réseau / Network effect
    • Télémétrie fugitive / Fugitive telemetry
    • Effondrement système / System collapse
  • Genre : Science-fiction
  • Editeur francophone : L’Atalante
  • Nombre de tomes : 7  (+ 3 textes courts à côté)
  • Années de parution : 2019-2024
  • Niveau : Lecteur moyen

Bibliochimie

Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédient ?

– Un protagoniste mi-humain, mi-robot aussi blasé qu’anxieux

– Des corporations commerciales qui monétisent jusqu’à la plus petite information

– Des échanges humains-robots et entre robots extrêmement bien pensés

A quoi s'attendre ?

Le protagoniste de la série est une unité de sécurité synthétique, qu’on appelle couramment des SecUnit. Les synthétiques sont des êtres fabriqués à la fois à partir de tissus humains et de pièces robotiques, produits en série et voués à diverses tâches, dont la sécurité dans le cas des SecUnit. Tous sont sous le contrôle d’un module superviseur, un appareil implanté qui peut prendre la main sur n’importe laquelle de leurs décisions, les punit par la douleur en cas de désobéissance, voire peut carrément les tuer en faisant frire leur cerveau s’ils enfreignent de trop les directives de leur contrat.

Module superviseur que le protagoniste, qui s’est donné le nom de AssaSynth, a donc réussi à pirater. Et au lieu de faire aussitôt un carnage, comme le font les SecUnits hors de contrôle des séries, il continue de faire son travail d’unité de sécurité, tout en profitant de tout ce qu’ont à offrir les bouquets de chaînes de divertissement.

Mais un jour, le synthétique découvre un complot visant à éliminer les clients qu’il est actuellement sensé protéger. Loin de rester en retrait, AssaSynth va s’interposer entre la menace et ses clients. S’il avait su jusqu’où ça le mènerait, et le nombre d’interactions avec les humains qu’il allait devoir subir, il aurait certainement réfléchi quelques précieuses secondes de plus…

Pour terminer, le premier paragraphe du tome 1 met tout de suite dans l’ambiance, je vous le recopie donc ci-dessous :

« J’aurais pu faire un carnage dès l’instant où j’ai piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n’avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie. 35’000 heures plus tard, aucun meurtre à signaler, mais, à vue de nez, un peu moins de 35’000 heures de films, de séries, de jeux et de musique consommés. Comme impitoyable machine à tuer, on peut difficilement faire pire »

La société de consommation poussée à l'extrême

L’essentiel de la série se passe dans une partie de l’univers appelée Bordure corporatiste. A l’intérieur, différentes corporations économiques ont poussé le capitalisme à l’extrême, et tout, absolument tout s’y monnaie. Les zones publiques sont bardées de publicités en tout genres qui s’infiltrent jusque dans votre flux de données personnelles, et la surveillance est partout, jusque dans les toilettes ! Pas question de rater la moindre remarque ou conversation, tout est enregistré et ensuite décortiqué pour en extraire la moindre information monétisable.

Les synthétiques sont également un bon exemple, et encore plus dans le cas des SecUnits. Produits en usines comme le seraient des objets, ils ont une résistance accrue par-rapport aux humains, mais ne reçoivent qu’un équipement bas de gamme, et pour cause : ils sont conçus pour s’interposer entre les menaces et leurs clients, et être réparés par la suite dans leur box dédié, voire carrément abandonnés derrière si la situation devient trop dangereuse – et accessoirement, pour enregistrer et archiver pour usage ultérieur tout ce que les clients font et disent. Les compagnies économisent jusqu’au moindre centime sur ces unités qu’ils exploitent puis jettent sans même une arrière-pensée.

Petit plus

Différents tomes de la série ont reçu le Nebula Award, ainsi que le Hugo Award.

Avis de la Rédac'

Mikaua : J’ai souvent vu passer le Journal d’un AssaSynth, mais sans m’y intéresser plus que cela. J’ai testé le premier tome tout à fait par hasard, en cherchant une audiobook disponible pour m’accompagner dans une tâche répétitive. En quelques minutes, j’ai accroché au style, concis et direct, sans fioritures, ainsi qu’au protagoniste blasé et anxieux à la fois qu’est le SecUnit et qui raconte tout à la première personne. Trois semaines plus tard, j’avais lu toute la série, plus le texte court qui forme le « volume 4.5 ». Si les différents volumes peuvent paraître courts, le rythme est soutenu, et l’histoire est bien racontée. On s’identifie paradoxalement assez facilement à l’AssaSynth, malgré le mal évident – et le peu d’envie, bien compréhensible – qu’il a à interagir avec les humains. S’il n’y a pas de longs développements permettant d’entrer dans les détails, on sent tout de même qu’il y a un univers bien construit derrière l’histoire, et de nombreuses petites touches permettent de s’en faire une assez bonne idée à la lecture. Si vous cherchez une série de science-fiction avec un protagoniste plein d’autodérision et avec des tomes courts qui vont droit au but, n’hésitez pas, plongez dans le Journal d’un AssaSynth !

Sources

– Le sept romans/romans courts (en langue originale)

– Les trois textes courts supplémentaires

– Le site de l’éditeur francophone