Pax Elfica – le lanternier nous plonge dans une ville qui a échangé la tyrannie d’un Nécromant contre la tyrannie de ses sauveurs elfes. Ce roman se passe peu avant les évènements du jeu de rôle du même nom.

Fiche technique
- Auteurs : Pierre Grimbert
- Titre : Pax Elfica – Le lanternier
- D’après : Pax Elfica, campagne de jeu de rôle de Claude Guéant
- Genre : Fantasy
- Editeur francophone : Mnémos
- Nombre de pages : 316
- Année de parution : 2024
- Niveau : Lecteur moyen
Bibliochimie
Si un alchimiste voulait recréer ce livre dans son alambic, quelles choses pourrait-il utiliser comme ingrédient ?
– Une ville qui n’a fait qu’échanger un tyran pour un autre
– Une univers dont l’origine rôliste se sent avec plaisir
– Le talent d’un des auteurs majeurs de la fantasy francophone
A quoi s'attendre ?
Il y a sept ans, la cité de Brenhaven était sous le joug d’un horrible tyran : un Nécromant, écrasant la ville et la région avec son armée de morts-vivants. Les elfes sont alors sortis de leurs forêts bien aimées et, au prix de nombreuses pertes, ont réussi à vaincre l’oppresseur.
Cela aurait pu être la fin de l’histoire et le début de la reconstruction, mais les libérateurs elfes ne sont jamais repartis. Devenus les nouveaux tyrans, ils ont instauré une « paix elfique » qui oppresse chaque jour un peu plus les habitants.
Certains citoyens résistent, dans l’ombre, de manière plus ou moins visible, en attendant un soulèvement populaire. Mais la plupart, usés par les années d’occupation successives, ne veulent qu’une seule chose : éviter les ennuis afin de conserver le peu de bonheur qu’ils ont réussi à grapiller dans leurs vies. C’est le cas du nain Tolan Dunkar, lanternier, qui aurait de loin préféré ne pas voir un adolescent humain tomber à ses pieds depuis un arbre interdit…
Quand les sauveurs deviennent les oppresseurs
Dans Pax Elfica, on découvre une piste de scénario moins souvent utilisée : celle des héros qui se changent eux-mêmes en tyrans. Célébrés en héros pour avoir libéré la ville des hordes de morts-vivants et de leur maître, les elfes sont restés dans l’idée d’étudier le morceau de forêt qui avait spontanément poussé dans un quartier de la ville. Et petit à petit, profitant de leur statut de libérateurs que personne n’avait envie de contrarier vu les services rendus, ils ont imposé leur idée de la paix, la fameuse « paix elfique » (d’où le titre « Pax Elfica »), qu’ils ont renforcée, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle devienne une véritable chappe de plomb étouffant tous les citoyens.
Quant à la répression, elle est tout aussi violente psychologiquement qu’elle l’était sous le règne du Nécromant, quoique différemment : après avoir vu leurs morts se relever pour rejoindre les légions maudites de l’oppresseur, les citoyens voient maintenant les contestataires se faire laver le cerveau par les prêtresses elfes et rejoindre le Guet en tant que « enfaytés », pantins humains sans aucun libre arbitre ni initiative arborant un éternel sourire niais.
Pas étonnant dans ces circonstances que certains habitants en viennent à regretter le règne du précédent tyran, aussi pénible qu’il ait été.
Avis de la Rédac'
Mikaua : J’ai accroché à l’intrigue de Pax Elfica – Le lanternier sans même de savoir qu’il s’agissait d’un roman basé sur une campagne de jeu de rôle (je ne m’en suis rendue compte qu’en terminant le livre). Les Elfes libérateurs qui se changent en tyrans oppresseurs est une idée des plus alléchantes, et la manière dont c’est mis en scène dans le récit est extrêmement bien faite. Les personnages principaux sont très loin d’être des héros : ce sont juste des gens ordinaires vivant un quotidien affreux, et qui essaient vaille que vaille de s’en sortir. C’était une très bonne idée et on s’attache d’autant plus à eux que s’ils étaient les énièmes élus d’une prophétie. Pierre Grimbert s’approprie l’univers du jeu de rôle Pax Elfica avec aisance, et on sent tout le respect et l’enthousiasme qu’il a éprouvé en découvrant le jeu de rôle d’origine, lui offrant ainsi une magnifique préquelle – ou intrigue parallèle, j’avoue n’avoir pas complètement saisi. Cet univers est vraiment bien construit, très vivant, intriguant, et il donne diablement envie d’y mettre le nez en tant que MJ ou joueur, je l’avoue plus que volontiers ! Amateur de jeu de rôle ou non, chacun pourra apprécier le roman sans avoir mis le nez dans les bases de Pax Elfica, car le roman a été écrit pour pouvoir être lu sans aucun pré-requis. Une belle découverte, écrite de main de maître tant pour le roman que pour l’univers du jeu de rôle, que je ne peux que recommander.
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